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venant de Suisse, et empêcher le plus possible qu’ils ne s’égarassent ou ne traînassent trop en route, je fis organiser le convoyage de ces trains sous escorte armée.

Enfin le grand remue-ménage des évacuations se faisant presque au jour le jour, sans prévisions possibles, même approchées, comme je l’expliquerai plus loin, ne permettait pas l’envoi des wagons à destination de camps déterminés. Chaque groupe de camps fut alors rattaché à un point fixe, grande ville, centre de voies ferrées, où fut placé un représentant de la Croix-Rouge danoise, avec un ou deux officiers prisonniers adjoints. De là, on faisait rayonner dans les camps. Pour éviter les trop grands parcours à travers l’Allemagne, on limita les arrivages par la Suisse à la moitié méridionale de l’Allemagne, l’autre moitié étant approvisionnée par les ports, alimentée par la Croix-Rouge danoise, sous la direction habile de M. d’Anthouard, ancien ministre plénipotentiaire, qui m’était adjoint et disposait de larges subsides de la Croix-Rouge française. Grâce aussi au dévouement au-dessus de tout éloge des membres de la Croix-Rouge danoise, le service fonctionna si bien et si rapidement que nous eûmes peu à demander à la livraison allemande à titre remboursable. Pour la presque totalité des camps, et même je n’ai pas connu d’exception, à la fin de décembre l’abondance était revenue et l’approvisionnement du voyage assuré. J’ajouterai que la meilleure organisation des cuisines dans les camps, sous l’action de mes officiers, et le contrôle rigoureux de la distribution de tout ce qui était dû, contribuèrent très largement à passer les temps difficiles.


LES TRANSPORTS D’ÉVACUATION


L’amélioration de l’alimentation, l’arrivée des officiers, amenèrent un grand réconfort matériel et moral. Il en était besoin, car j’étais dans une situation fort critique. Tout se résumait maintenant dans la question venue de tous les points de l’Allemagne : « Quand partirons-nous ? A peu près ? Dites une date ? » Et je ne pouvais rien dire ! Ce fut la grosse difficulté de ma tâche.

J’étais parti de Paris le 30 novembre, avec le programme suivant, à l’exécution duquel j’étais rappelé encore fin décembre, alors qu’il était inexécutable : « La Bavière se videra par la Suisse. Les corps d’armée en bordure du Rhin et le XIe C. A.