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nérosité  : c’est l’œuvre des officiers français dans les armées de la coalition.

A mesure que la guerre poursuivait son développement, ses effets provoquaient dans le monde entier l’appel aux armes. La Belgique, frappée au mépris de la foi jurée, avait ramené sur le sol français son armée disloquée par une invasion contre laquelle elle ne pouvait lutter que pour sauver l’honneur. Cette armée devait se reconstituer complètement. Aussitôt constatée la violation du droit des gens, l’Angleterre s’était jetée résolument dans la lutte, mais elle ne pouvait mettre en ligne qu’une armée de carrière dont les effectifs, l’armement et l’organisation ne répondaient aucunement à la situation. Avec cette détermination qui restera la caractéristique des grandes nations, l’Angleterre va créer en pleine guerre une armée moderne avec sa masse, ses cadres, son matériel complet ; l’armée anglaise sera donc pendant deux ans en voie de transformation. La Russie a une armée régulièrement constituée dès le début de la campagne, mais la Révolution y amène en 1917 des transformations profondes jusqu’au moment où elle la dissoudra définitivement. Après ses beaux succès du début, la Serbie, écrasée sous le nombre, devra reconstituer son armée à Corfou. La Roumanie a des débuts de campagne malheureux ; avec une rare ténacité, elle entreprend de refaire ses forces nationales. La Grèce voit son armée disloquée par les luttes politiques et, lorsqu’elle retrouve son unité, elle a, elle aussi, un complet travail de réfection à accomplir. Enfin les États-Unis ne sont capables, au moment de leur entrée dans la coalition, de fournir qu’une seule division : en un an, ils lanceront à l’attaque une armée de plus d’un million d’hommes. L’armée américaine est une création complète.

Ainsi la plupart des armées de la coalition ont à subir une œuvre de transformation profonde, ou de réfection parfois totale, ou même de création. Or, on est en pleine guerre, le temps manque pour préparer et former les instruments de cette œuvre ; il faut arriver au plus tôt à la bataille, et ceci malgré l’ennemi qui frappe et presse. La nécessité s’impose de demander l’aide des Alliés, qui ont d’ailleurs un intérêt majeur à la fournir, sinon à l’offrir. À qui s’adresser ?

Parmi les armées qui ont conservé leur forme du début,