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ont donc plus que décuplé depuis 1914. Le type du contrat égyptien est la marque « sakellaridis, » superbe coton soyeux à longues fibres. Pour en apprécier la valeur marchande, il suffit de savoir que 50 kilos (poids approximatif du cantar) valent 36 livres environ, soit, au cours actuel, de 175, à 180 francs. Le kilo revient ainsi à 36 francs. Ne nous étonnons plus de payer nos chemises aussi cher !

Quant à l’Egypte, il est bien évident qu’elle a bénéficié de cet état de choses. On estime que la valeur totale de la récolte de 1918 a atteint 40 millions de livres. Cette année ci, grâce à un acréage qui a atteint 1 530 000 feddans, et a un rendement normal de 3,9 par feddan, la récolte est estimée à 6 025 000 cantars. Etant donné les prix fantastiques auxquels est monté le coton, il ne serait pas étonnant que le stock valût en moyenne 120 millions de livres, soit au cours actuel, six milliards de francs.

L’Egypte est la terre d’élection des végétaux à fibres. N’oublions pas qu’elle est la patrie du papyrus, qui semble avoir transmis au coton ses antiques vertus de résistance et d’inaltérabilité. Toutes les fois qu’on introduit dans le Delta une plante fibreuse, que ce soit le coton, l’agave ou la paille de riz, on peut être sûr que les fibres en seront toujours les plus belles et les plus blanches du monde. Le « sakellaridis-extra » n’a pas son rival. On a craint un moment une dégénérescence de cette marque, car, autre caractéristique de l’Egypte, tout ce qui y vit a des tendances à retourner à son type primitif, ou plutôt au type égyptien pur. Les bœufs eux-mêmes y deviennent des buffles après plusieurs croisements. Mais on a constaté, contrairement à cette règle, que la sélection des plants de cotonniers était susceptible de donner lieu à d’agréables surprises. On vient cette année même, de trouver un nouvel échantillon qui a reçu le nom de « pillon » et surpasse, dit-on, le sakellaridis. Le coton est cependant entouré de nombreux ennemis. Dans ce climat humide et chaud, tous les parasites se développent avec une étonnante rapidité. Parmi eux, le ver rose de la capsule a donné lieu à des craintes très vives en raison des dégâts radicaux qu’il occasionne. Toutefois le Gouvernement et les fellahs ont entrepris contre ce dangereux adversaire une lutte implacable qui paraît avoir été couronnée de succès, car les atteintes de ce ver ont diminué depuis deux ans.