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comment finit la guerre.

d’une fabrication activement poussée sous la direction de M. Lloyd George, donnaient enfin satisfaction à tous leurs besoins dans la bataille moderne, méconnus au début de la campagne. Sur tout le front anglo-français, la préparation du champ de bataille fut menée avec la plus grande activité.

Mais la bataille de Verdun usait les réserves françaises et le front d’attaque dut être réduit peu à peu. Pour son offensive, le général Foch ne dispose plus le 1er  juillet que de 16 divisions, formant la 6e armée sous les ordres du général Fayolle. En revanche, l’artillerie est formidable : 900 pièces lourdes, 1 100 canons de tranchée, 6 millions et demi de projectiles pour un mois de bataille.

Sir Douglas Haig attaque sur 25 kilomètres de front, de Serre à Gomécourt, avec 15 divisions en première ligne, 4 en deuxième ligne, 2 en réserve (4e armée, général Rawlinson, 6e armée, général Gough).

L’entente entre les deux généraux en chef était parfaite. À la fin de mai, sir Douglas écrivait au général Joffre : « La question doit être considérée comme s’il n’y avait qu’une seule armée sur le front anglo-français. » Déjà le général Alexeieff avait télégraphié : « Je me range sous le commandement du général Joffre. » Et il l’avait prouvé par la magnifique offensive de Broussiloff. La confiance de ses pairs créait des devoirs nouveaux au général Joffre, avec des responsabilités nouvelles. Il était en son pouvoir de hâter l’attaque anglaise ; le gouvernement français le désirait beaucoup, afin de dégager Verdun le plus tôt possible ; mais la hâter, c’était la compromettre, et le général Joffre resta inébranlable.

Le 21 juin, sa directive pour les deux armées disait : « Il faut s’attendre à livrer une longue et dure bataille… Le but essentiel des opérations est de porter une masse de manœuvre sur le faisceau des lignes de communication de l’ennemi que jalonnent Cambrai-Le Cateau-Maubeuge. La route Bapaume-Cambrai devra donc être l’axe de la progression initiale. » Il demande que la situation soit envisagée d’un regard viril, et néanmoins il reste plein d’espoir, envisageant des objectifs éloignés.

Ce n’est pas d’un seul bond que le général Joffre comptait les atteindre. Après les expériences de 1915, la percée à travers les organisations fortifiées n’était plus envisagée que comme le résultat d’une lutte d’usure, méthodiquement poursuivie ; des