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grands glacis de l’Empire des Indes, qui ont tant coûté d’hommes et d’argent et à la conquête desquels on a sacrifié les opérations autrement importantes, — en ce qui touche les intérêts généraux de l’Entente, — qui auraient pu être entreprises au Nord de l’Allemagne.

Mais ne concluons pas là-dessus. La face des choses change si vite, au temps présent, qu’il est Tain d’essayer de prévoir. Contentons-nous donc, ne pouvant les résoudre, de bien fixer les données des problèmes de l’avenir. Or, des faits que je viens d’exposer, il résulte que l’Angleterre a résolument adopté une « politique du pétrole » qui consiste tantôt quand elle le croit possible, à mettre la main sur les gisements reconnus, tantôt, quand il s’agit de pays « qui ne se laisseraient pas faire, » à négocier d’avantageuses participations aux bénéfices, en même temps qu’à s’assurer, par contrats, d’abondantes fournitures de la précieuse huile minérale.

Cette prévoyante politique du pétrole ne laisse pas de surprendre un peu chez une nation qui est la plus, grande productrice du combustible solide, et du combustible solide de la meilleure qualité. Faut-il y voir uniquement le résultat de préoccupations de politique intérieure et la crainte que l’on ne réussisse jamais à résoudre d’une manière satisfaisante la question minière, en ce qui concerne la régularité du service de la main-d’œuvre ?

Oui et non. Oui, sans doute, en ce sens que les difficultés actuelles se prolongeront probablement assez pour qu’on soit dans la nécessité de parer à des besoins urgents en recourant, tout de suite et sans aucune réserve, au combustible nouveau. Son, pourtant, puisque, — nous allons le voir, — la politique du pétrole, en particulier en ce qui touche la marine de guerre, avait été vivement préconisée, discutée, défendue et combattue en Angleterre bien des années avant le grand conflit.

On en trouve la preuve dans les curieuses lettres de l’amiral Fisher, parues en septembre dernier, dans le Times. Citons-en donc quelques passages, qui ne se lient d’ailleurs pas expressément, car, dans ces lettres, évidemment écrites au courant de la plume, l’éminent officier général[1]saute

  1. Très populaire en Angleterre et qui a dans la marine britannique un véritable parti, les « Fishermen » (jeu de mots intraduisible : Fisherman veut dire pêcheur).