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transport, grand bénéfice dans la crise actuelle, et bénéfice qui restera, toujours intéressant en raison de la différence entre le prix d’entretien et de renouvellement des canalisations et ceux, bien supérieurs, du matériel roulant et du matériel de traction.

Poussons-nous plus loin. Nous voyons qu’en employant le pétrole au chauffage des chaudières on fait encore de singulières économies de personnel ; à terre, on est arrivé, dans certains cas, à réduire la main-d’œuvre de neuf dixièmes ; dans la marine, le gain ne saurait être aussi marqué, tout en restant considérable. Mais c’est un point sur lequel nous reviendrons.

Enfin il faut rappeler que le rendement des moteurs modernes à pétrole est très supérieur à celui des machines à vapeur les plus économiques. C’est surtout vrai quand on emploie les moteurs du type Diesel, dérivés des moteurs d’automobiles. Ces moteurs, des à un ingénieur allemand, — qui avait étudié en France, — « rendent » près du triple des machines à vapeur ; de sorte que l’on peut dire avec l’auteur que je citais tout à l’heure « que, dans l’ensemble, les calories liquides du pétrole sont deux fois mieux utilisées que les calories solides du charbon. »

Or, à poids égal, répétons-le, le combustible liquide a un pouvoir calorifique sensiblement supérieur à celui du combustible solide. Le rapport peut être à peu près représenté par les chiffres suivants : (pétrole) 11,4/(charbon 8,3 = 1,4 environ ; quotient qui s’élève à 1,6, quand on tient compte du déchet d’utilisation du charbon dû aux poussiers, à la filmée, aux pierrailles, etc.


Reste la question des prix de revient, question d’autant plus délicate qu’en ce moment ces prix sont manifestement faussés, d’un côté et de l’autre, par l’influence de circonstances économiques exceptionnelles : du côté charbon par la hausse des salaires, par l’insuffisance ou la mauvaise volonté de la main-d’œuvre minière, aussi bien que par la difficulté des transports ; du côté pétrole par une brusque et considérable augmentation des demandes, par la hausse excessive des frets, par l’accaparement et par une spéculation effrénée, — sans parler, bien entendu, de l’abaissement continu de la valeur de notre « devise, » de la dégradation de notre change dans les pays, justement, où nous achetons en ce moment les plus grandes quantités, de combustibles liquides.