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sous-marin prit une physionomie préoccupante, à la fin de 1914 ou au commencement de 1915.

La crise du charbon, due à beaucoup de causes, — car tous ces phénomènes économiques sont fort complexes, — mais principalement, d’une part, en Angleterre, aux grèves des mineurs, d’autre part, en France, à la difficulté des transports, par voies ferrées aussi bien que par voies fluviales, allait tout d’un coup, — dans l’automne de 1919, — attirer vivement l’attention du public sur les combustibles liquides.

S’éclairer au pétrole, en effet, c’est ce que, depuis longtemps, faisaient des millions de Français, mais se chauffer au pétrole et chauffer au pétrole les innombrables chaudières de l’industrie, grande ou petite, en même temps que celles du « chauffage central » des grands immeubles, c’est à quoi on avait fort peu pensé jusqu’alors.

Le commissaire général au pétrole fit connaître qu’il était en mesure de fournir du mazout[1]à la région parisienne et il engagea vivement, dans une note officieuse, les propriétaires, usiniers et fabricants qui utilisent des chaudières à vapeur, à faire exécuter les modifications peu importantes qui permettraient à ces appareils évaporatoires d’utiliser le combustible liquide à la place du combustible solide.

En réalité, si ces modifications eussent été aisément réalisables en temps normal, il s’en fallait qu’elles fussent faciles au moment où se produisaient les suggestions fort justes, en principe, du commissaire général. Ne se trouvait-on pas en présence du prix de revient élevé des matières et de la main-d’œuvre, et plus encore en présence de la rareté de celle-ci ?

Il est donc probable qu’il conviendra de reporter le bénéfice de la transformation des appareils évaporatoires sur l’année prochaine. Les appareils de chauffage des immeubles, en particulier, ne seront guère modifiés que pour l’hiver de 1920-1921. Encore est-il aisé de prévoir que les propriétaires ne mettront pas une grande bonne volonté, — en pleine crise des relations de propriétaire à locataire, — pour faire procéder aux travaux nécessaires et surtout pour rompre onéreusement les contrats qui les lient à des fournisseurs de charbon.

  1. Tout d’abord, grâce à un prêt de 40 000 tonnes, fait par la marine, en attendant des arrivages qui se sont d’ailleurs produits. On voit que les stocks de nos ports de guerre étaient bien constitués.