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Les importateurs français conservèrent toutefois la liberté des livraisons aux particuliers. On continua aussi à se servir d’eux pour les détails du ravitaillement des armées d’après les ordres et sous le contrôle du comité. Ce dernier assumait, en définitive, la tâche la plus lourde et la plus délicate, ayant la responsabilité des achats, des transports, des paiements, du choix de l’emplacement et de l’édification des entrepôts.

Cette organisation se montra efficace. On put bientôt assurer aux armées un approvisionnement mensuel de 70 000 tonnes d’essence, au lieu de 40 000 ; les importations mensuelles, fixées en novembre 1917, par le gouvernement, à 55 000 tonnes d’essence et 25 000 de pétrole, s’élevèrent respectivement à 60 000 tonnes et 55 000, en janvier 1920.

Pendant ce temps, comment procédait la marine de guerre ?

Cet organisme avait dû, depuis longtemps, assurer isolément son approvisionnement en combustibles liquides. Et comme il ne pouvait lui convenir d’accepter les lois des importateurs, — la liberté du marché n’existant plus que de nom, du fait de « l’entente » signalée plus haut, — il n’avait pas hésité à pousser jusqu’à la mise en service, à son usage exclusif, d’un transport pétrolier, le « Rhône, » qui allait enlever, soit à Batoum, soit à Constantza, le port roumain, soit, au besoin, en Amérique ou au Mexique, les chargements de pétrole dont l’achat avait été négocié par ses agents. Tout compte fait, amortissement de la valeur du « Rhône, » entretien et armement du transport, frais de mission, etc. compris, on réalisait une sérieuse économie et on était mieux servi, ayant exactement la qualité spéciale de combustible dont on avait besoin.

Des stocks furent constitués dans nos ports, qui prirent de plus en plus d’importance et qu’il fallut, pour ainsi dire, prolonger à l’extérieur pour munir nos bases secondaires et points d’appui, tels que Dakar, Fort-de-France, Diego Suarez, Saigon, Quang-Tchau-Wang, Nouméa, Papeete… En définitive, on ne fut pas pris au dépourvu par la guerre, en dépit de la quantité de bâtiments légers utilisant les combustibles liquides qu’il fallut mettre en jeu dès que le grand conflit