Ton puits m’enchante avec ses trois colonnes rondes.
Ses purs linteaux ornés de bibliques versets,
Et mon rêve attendri se penche sur ses ondes
Où dorment d’antiques secrets.
Tes maisons à pignons, si roses et si vieilles,
Ton hôtel communal et son balcon à jour,
Sa loggia robuste aux fragiles merveilles,
M’inspirent un égal amour.
Et ce qui pour jamais hantera ma pensée,
C’est, sous un ciel de cendre et d’argent à la fois,
La lente ascension d’une lune irisée,
Par-delà les peupliers droits ;
C’est le profil guerrier, dominant l’ombre noire,
O perle de l’Alsace, ô féerique cité.
De tes tours à créneaux, fidèles à ta gloire,
Et ruisselantes de clarté.
Vierge d’un miel secret nourrie,
Eblouissante fleur sur l’autel de Marie.
Sœur des Anges, guide des forts,
Qui soumets à l’esprit les révoltes du corps.
Lumière qu’un charme accompagne,
Chandelier d’or vivant placé sur la montagne !
Vase mystique, d’encens plein.
Espoir du misérable et terreur du malin.
O consolatrice suprême
Dont les yeux lourds de nuit s’ouvrirent au baptême ;
Protectrice des hôpitaux
Dressés dans les vallons et sur les hauts plateaux :
Fondatrice du monastère.
Qui ne trouvais qu’ennuis aux bonheurs de la terre ;
Abbesse au nimbe de pâleur
Dont le joug est léger comme l’air à la fleur ;