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tenait désormais une place telle, que les vérifications devenaient à peu près impossibles. Assurément, personne ne défigure la langue de gaité de cœur, et les journalistes sont les premiers à regretter que les exigences de leur métier soient si difficilement compatibles avec l’emploi d’un français châtié. Il n’en est pas moins regrettable que l’on parle tous les jours du « seulement international de Tien-Tsin, » par exemple ; que les eaux de la Baltique deviennent le Balticum, et le Pas-de-Calais le Channel.

Mais toutes les fautes dont se charge ainsi le français usuel ne sont que peccadilles, si on les compare au vocabulaire et au style habituels aux gens de sport. Plus les progrès du sport nous semblent désirables, plus nous nous réjouissons de la place qu’il prend dans la vie nationale, plus nous comptons sur lui pour la reconstitution de notre race, et plus nous regrettons l’emploi d’une langue qui n’a plus rien de commun avec le français véritable. Qu’il s’agisse d’hippisme, de cyclisme, de boxe, de football, la majorité des rubriques sportives a quelque chose d’effarant. « Le Grand prix de Paris réunira huit ou neuf partants probablement. Une question se pose immédiatement : les Anglais réussiront-ils le triple event ? Comme le grand Steeple-chase, comme la grande course de haies, l’épreuve capitale de Longchamps sera-t-elle l’apanage des champions d’Outre-Manche, en l’espèce Galloper Light ? En tout cas celui-ci se présente avec les meilleurs titres. Ses performances de deux ans le placent sur le même rang que Grand Parades, le vainqueur du Derby. Il a eu raison sur 2 400 mètres de bons trois ans, leur rendant beaucoup de poids… » C’est de l’importation brute. — « Ce n’est pas que pour se rendre de l’extrémité du Cotentin au fin fond de la Bretagne, nos coureurs vont rencontrer sur leur chemin d’insurmontables difficultés. Non ! les côtes seront, il est vrai, nombreuses, et parfois même assez intéressantes. Dame I les collines de Bretagne nous sont connues de longue date, et nous savons fort bien qu’elles sont de taille à jouer un rôle dans la pièce. Mais c’est surtout la distance qui va compter. Il faut bien convenir, en effet, que 405 kilomètres, c’est là un kilométrage imposant pour, une étape, un kilométrage qui va nécessiter un laborieux effort de la part de nos rescapés… » Quelle est cette langue ? Nous nous rendons bien compte de la loi du genre, et nous ne prétendons pas à l’élégance académique. Au. contraire, nous saluerions