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comment finit la guerre.

quand elle se heurte à un corps que le général Joffre a enlevé au général de Castelnau pour combler le vide croissant entre les armées Sarrail et de Langle. L’artillerie de ce corps d’armée fait merveille et rétablit la situation. Le 10, le kronprinz échoue dans une violente attaque contre le 6e corps à la ferme de Vaux-Sainte-Marie, tandis qu’un corps allemand, parti de Metz pour prendre notre ligne à revers, échoue dans la Woëvre.

L’ensemble de la situation dégage entièrement la 3e armée le 12 et elle suit la retraite de l’armée du kronprinz.

À l’extrême droite, la 1re  armée Dubail et la 2e Castelnau ne cessaient de s’affaiblir par les prélèvements incessants qu’exigeait le renforcement du centre et de la gauche français, tandis qu’au contraire l’armée du kronprinz Ruprecht de Bavière et l’armée von Heeringen se renforçaient par des formations nouvelles. L’offensive entamée par les armées françaises après la victoire de la trouée de Charmes s’arrête peu à peu, à cause de cette disproportion de forces, des organisations défensives de l’ennemi, qui se perfectionnent, et de son artillerie lourde, qui se met en batterie ; du 24 août au 2 septembre, on s’enterre des deux côtés.

La ligne française tient le Grand-Couronné de Nancy avec un groupement de divisions de réserve, puis la Mortagne, et rejoint les Vosges par le col de la Chipotte au Sud de Saint-Dié, qui a été pris le 27 par les Allemands. Les deux partis attachent une égale importance à la position de Nancy, dont la prise ouvrirait une large brèche dans la ligne française et ferait sauter un large pan de la défense, en produisant un grand effet moral. Le 4, l’attaque se prononce sur un large front, avec quelques succès locaux ; le 5, la ligne tient bon au Sud de Nancy ; l’ennemi débouche des bois au pied du Grand-Couronné ; les 6 et 7 la bataille s’acharne autour du mont d’Amance et de la Montagne Sainte-Geneviève ; l’ennemi avance au prix de pertes considérables ; la question de l’évacuation de Nancy se pose : ne vaut-il pas mieux se replier derrière la Meurthe et la Mortagne, où la position Saffais-Belchamp offre une bonne ligne de résistance ? Le général Joffre prescrit de garder à tout prix le Grand-Couronné et, peu à peu, la bataille languit. L’empereur Guillaume II, qui a préparé son entrée triomphale dans la capitale lorraine, doit retourner à