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comment finit la guerre.

et se précisent ; le maréchal French a proposé de s’arrêter sur la Marne avec les armées françaises ; et il convient de signaler cette intention de couvrir Paris, cette aide effective et cordiale qui s’offre spontanément : elle montre que l’idée de la manœuvre exposée dans les instructions du 25 août et du 1er septembre a été comprise. Mais le général Joffre estime que le moment de l’offensive n’est pas encore venu et demande seulement à l’armée anglaise de tenir quelque temps sur la Marne comme elle offre de le faire, tout en se déclarant très éprouvée, puis de se replier sur la Seine, où elle s’établira de Melun à Juvisy en participant à la défense du camp retranché de Paris. Il préviendra le maréchal French de la date de l’offensive, à laquelle il lui demandera de prendre part « dans un délai assez rapproché ». Et sir John French répond sur le ton le plus amical qu’il a parfaitement compris la manœuvre et il promet « une cordiale coopération en toutes choses. »

Cependant le 2 septembre, sur l’avis du généralissime, le Gouvernement a quitté Paris, après quelques hésitations ; le Président de la République, le Président du Conseil Viviani, le vice-président Briand auraient voulu se transporter aux armées, pendant que le reste du Gouvernement serait parti pour Bordeaux ; mais cette solution fut écartée et le Gouvernement tout entier s’installa à Bordeaux. Le général Galliéni avait été nommé le 25 août gouverneur et commandant en chef des armées de Paris, mais à cette date Paris est dans la zone des armées et sous le commandement du général Joffre. En lui demandant ses instructions le 3 au matin, le général Galliéni indique son intention de se défendre à outrance, mais ne parle pas de prendre l’offensive. Le général Joffre lui répond dans la nuit du 3 au 4 en lui faisant prévoir la coopération des troupes actives de Paris dans la direction de Meaux, lors de l’offensive prévue par son instruction du 1er septembre, sans préciser de date ; dans la journée, il lui indique l’utilité de faire appuyer la gauche anglaise par une partie de l’armée Maunoury, mais l’offensive générale n’apparaît pas comme imminente.

C’est dans la journée du 3 septembre cependant que les avions de reconnaissance ont commencé à signaler le mouvement des colonnes allemandes, qui s’infléchit vers le Sud-Est, contournant le camp retranché. Les renseignements de la cavalerie et des avant-postes confirment ce mouvement. Aussi le général