Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/507

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
503
comment finit la guerre.

corps d’armée, contiendra l’ennemi, tandis que son 1er  corps d’Espérey va prendre l’offensive ; déjà il s’engage en belle ordonnance quand sa droite est tournée et l’oblige à suspendre son mouvement : la division de réserve qui gardait la Meuse a cédé devant l’attaque de toute l’armée saxonne von Hausen qui a repris Dinant ; l’armée Lanrezac est tournée par sa droite et coupée de l’armée de Langle.

Le général d’Espérey lance contre ce nouvel assaillant ses seules forces disponibles, deux bataillons actifs, conduits par leur général de brigade, qui rétablissent la situation en reprenant de haute lutte le village de Onhaye. La division de réserve se reforme et le coup est paré. Cette vive action a arrêté l’armée saxonne pour deux jours. Mais l’un des corps du centre a cédé. Le maréchal French à gauche se trouve isolé, en flèche, attaqué par l’armée von Kluck, et il a dû reculer. Le général Lanrezac, revenu à son Q. G. de Chimay, envisage l’ensemble de la situation de son armée, et il prend la décision de battre en retraite. Mais, c’est seulement par le G. Q. G. de Vitry-le-François que le maréchal French est prévenu de ce mouvement qui découvre sa droite : l’insuffisance, ou plutôt l’absence de liaison entre les deux armées éclate à ce moment. La responsabilité est commune aux deux États-majors, mais elle retombe dans sa presque totalité sur l’État-major français, d’abord et surtout parce que c’est l’armée française qui se repliait et qui devait prévenir sa voisine, mais aussi parce que, se croyant mieux instruit, l’État-major français avait le devoir de veiller au bien commun ; enfin le concours prêté par l’Angleterre à la France avait une portée morale qu’on ne pouvait mesurer à la quotité des effectifs débarqués ; il aurait fallu que l’État-Major français passât par-dessus les malentendus fatals au début et se mit à la température de la nation qui, naturellement et sans calcul, accueillait l’aide britannique, dont personne ne pouvait soupçonner l’importance future, avec toute la chaleur de son grand cœur.

Le 24, le général Joffre coordonne la retraite qu’il n’a pas commandée et prescrit au général Lanrezac de prendre son appui de gauche sur Maubeuge, tout en restant lié à la 3e armée de Langle ; le 25, la 5e armée Lanrezac a pu traverser la difficile forêt d’Ardenne ; une initiative opportune a utilisé des unités de réserve pour couvrir son flanc droit et arrêter les