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et Mulhouse et s’étend jusqu’au Rhin, après le beau combat de Dornach le 19. En même temps, la 1re armée (général Dubail, 200 000 hommes) commence à descendre les cols des Vosges, et la 2e (général de Castelnau, 200 000 hommes) pénètre en Lorraine annexée.

Le front de l’armée Castelnau est resserré entre les forts de Metz et les étangs de Dieuze. Elle passe la frontière le 14, sa cavalerie atteint Château-Salins le 17 ; l’armée franchit la Seille le 19, après des engagements, et atteint Delme et Morhange, sa gauche appuyée aux divisions de réserve, qui tiennent la position du Grand Couronné de Nancy. L’armée Dubail est ralentie dans les Vosges, mais sa gauche progresse avec l’armée Castelnau et occupe Sarrebourg le 18 avec la division de Maud’huy.

L’ennemi attendait l’attaque française sur une position soigneusement étudiée dès le temps de paix et dont les travaux avaient été commencés le 1er août ; c’était, dans l’ensemble, une ligne fortifiée couvrant les communications entre Metz et Strasbourg et réunissant les deux camps retranchés. La VIe armée allemande, formée de tous les contingents bavarois (200 000 hommes) sous le commandement du prince Ruprecht de Bavière, y était établie sur les collines entre la Sarre et la Seille, ainsi que la droite de la VIIe armée (120 000 hommes, général von Heeringen). La résistance allemande, faible le 14, s’était accrue à mesure que l’attaque se rapprochait de cette ligne et avait été particulièrement tenace le 17.

La bataille de Morhange-Sarrebourg s’engagea le 20, sur un terrain préparé à loisir ; les batteries allemandes sont abritées, l’artillerie lourde sur plates-formes en béton ; le tir est assuré par des repères et réglé par de nombreux avions. Les deux corps de droite de l’armée Castelnau sont arrêtés dans les tranchées, par un feu violent, puis contre-attaqués. Ils battent en retraite. À gauche, les troupes magnifiques de l’ardent 20e corps attaquent avant l’heure, s’engouffrent dans l’entonnoir de Morhange, où elles se heurtent aux mêmes obstacles, et sont ramenées de même ; un vide s’est produit à sa droite, menacée d’être tournée. Il faut rectifier la ligne et se reporter en arrière de 10 à 15 kilomètres.

L’armée Dubail avait assez péniblement débouché le 19 en avant de Sarrebourg ; le 20 au matin, sa progression se heurte