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souvent besoin d'être replongés au feu qu'ils sont plus lourds.

De même qu'il y a des étoiles pesantes qui ont dû atteindre une température maxima plus élevée que le soleil, de même et, inversement certaines étoiles de faible masse n'ont jamais pu et ne pourront jamais atteindre même la température actuelle, pourtant médiocre, du soleil.

Mais à ce propos, comment se fait-il qu'en gros, les masses de toutes les étoiles pour lesquelles la détermination en a été faite, soient toutes, comme on dit, du même ordre de grandeur ? comment se fait-il, pour m'exprimer autrement, que toutes les étoiles aient à peu près la même taille, de même que tous les hommes ou tous les chevaux, et qu'on n'ait pas trouvé d'étoiles des millions ou des millions de fois plus grosses que notre soleil ? Car enfin, philosophiquement parlant, et du seul point de vue de la probabilité, toutes les masses stellaires devraient être possibles, et la question vaut d'être posée. Ceci touche à de hautes spéculations de dynamique stellaire qui ont été en particulierabordées par Henri Poincaré, et d'où il résulte que, par suite notamment du mouvement cinétique des molécules gazeuses et aussi de la force centrifuge, une condensation stellaire ne peut s'accroître au delà d'une certaine limite. Plus récemment, M. Eddington a apporté dans ce domaine une contribution fort intéressante et qui est fondée sur un phénomène dont j'ai déjà parlé ici, et qu'on appelle pression de Maxwell-Bartoli ou pression de radiation. Ce phénomène consiste dans le fait que la lumière, et plus généralement toute radiation, exerce une pression sur les particules qu'elle frappe.

Cela étant, et connaissant d'ailleurs par l'expérience la valeur de cette pression, M. Eddington a calculé quel rapport il existe dans l'intérieur d'une sphère rayonnante analogue à une étoile entre la pression de radiation qui tend à chasser vers l'extérieur la matière de cette sphère et la pesanteur qui tend au contraire à concentrer cette matière. On calcule ainsi que, de ces deux forces, l'une centrifuge, l'a.utre centripète, la première est toujours très inférieure à la seconde, tant qu'il s'agit de masses inférieures à celle du soleil. Ainsi, on trouve que tant qu'il s'agit de masse moindre que la moitié de celle du soleil, la pression de radiation est inférieure à la dixième partie de la gravitation ; au contraire, pour une masse dix fois supérieure à celle du soleil, la première de ces forces devient presque égale à la seconde. Il en résulte que la concentration de la matière dans Vespace ne trouve plus de conditions favorables à son accroisse-