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moyennes : l'une, forte, à peu près constante et égale à 1,2 ; l'autre, faible et décroissant régulièrement de 4 à 11 environ quand on passe des étoiles les plus blanches aux plus rouges. En d'autres termes, le soleil étant (à la distance commune où., par la pensée, nous le reportons avec toutes ces étoiles) une étoile de cinquième, grandeur, on constate que, pour chaque type spectral, il y a deux espèces d'étoiles : les unes qui sont des étoiles très brillantes (à peu près de première grandeur) et qui ont à peu près toutes le même éclat, les autres beaucoup moins brillantes (de la cinquième à la onzième grandeur) et d'autant moins qu'elles sont plus rouges. Les premières sont les étoiles géantes, les soleils géants, dont l'éclat varie peu, qui sont encore vastes et peu condensés; les secondes sont les étoiles naines dont l'état de condensation est déjà très avancé. Notre piètre soleil fait partie de cette dernière catégorie; il touche à la décrépirude finale ; ses instants…, je veux dire ses milliers de siècles…, sont comptés.

Cette position déclinante du soleil dans la famille ou plutôt dans le pedigree des étoiles est prouvée non seulement par ce qui précède, mais aussi et surtout parce que sa densité moyenne (qui est égale à presque une fois et demie celle de l'eau) correspond à un état de condensation déjà considérable, comme il ressort nettement du calcul, ainsi que Homer Lane et Eddington, notamment, l'ont montré dans leurs belles recherches de dynamique stellaire.

Il n'est d'ailleurs aucun secret, si caché soit-il, que le calcul armé des résultats expérimentaux de la physique moderne n'ose aborder. C'est ainsi que, dans ses curieux et suggestifs travaux, Eddington s'est proposé de rechercher quelles peuvent et doivent être les conditions physiques régnant non seulement à la surface d'une étoile, — là où nous avons des moyens de contrôle optiques, photométriques, spectraux, — mais dans l'intérieur même de ces astres et jusqu'à leur centre. Les résultats auxquels il est parvenu ne peuvent prétendre à une exactitude rigoureuse, ils n'en sont pas moins très vraisemblables quant à leur ordre de grandeur, et ils dépassent infiniment, par le caractère gigantesque des effets qu'ils manifestent, tout ce à quoi nous ont habitués nos petites expériences de laboratoire.

C'est ainsi qu'Eddington calcule la distribution de la température dans une étoile d'une masse à peu près égale à celle du soleil, mais dont la condensation serait un peu moins avancée que celle de celui-ci, sa densité moyenne étant légèrement inférieure à celle de l'air (de façon à pouvoir lui appliquer plus légitimement les lois des