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maximum de température, commence à se refroidir progressivement jusqu’à extinction.

Au point de vue chimique et au point de vue spectral (et ceci est une des particularités les plus audacieuses de cette conception, et une de celles qui ont été rendues les plus vraisemblables par les travaux récents) cette augmentation jusqu’à un maximum, puis cette diminution de la température des étoiles est accompagnée par une dissociation, par une sorte de transmutation progressive de ses éléments chimiques les plus lourds que la chaleur change en autres plus légers, jusqu’à ce que le refroidissement progressif de l’étoile reforme ceux-là, à partir de ceux-ci.

Ainsi la vie d’une étoile serait comparable à celle d’un être vivant, d’un homme, qui s’élève en force, en beauté, en ardeur jusqu’à un maximum à partir duquel il décline de nouveau, pour rejoindre à la fin de sa vie — et je ne parle ici que de son corps — le néant dont il était sorti. Ainsi le serpent qui se mord la queue est l’antique symbole non seulement de la vie organisée, mais de celle des soleils eux-mêmes, aussi périssables que nous dans le plan de l’infini.

De tout cela il résulte que parmi les étoiles, les unes doivent être en train de s’échauffer tandis que les autres sont dans la phase décroissante de leur puissance thermique. C’est ainsi que sir Norman Lockyer, en partant des particularités spectrales des diverses étoiles, a été amené à les clajser en un certain nombre de groupes qu’il place sur une courbe (ayant un peu la forme d’un jet d’eau qui s’élève puis retombe), et au sommet de laquelle se trouvent les astres les plus chauds. Comme certains groupes se trouvent à la même hauteur et en regard — les uns sur la branche ascendante, les autres sur la branche descendante de la courbe, il s’ensuit évidemment que parmi les étoiles ayant une température donnée, les unes doivent être en train de s’échauffer encore, les autres en train de se refroidir déjà. C’est précisément un des points que, comme nous allons voir, les découvertes récentes ont mis en évidence.

Mais auparavant il convient de rappeler que récemment une méthode nouvelle permettant de mesurer optiquement les températures des étoiles a été élaborée par l’auteur de ces lignes. Les résultats auxquels elle a conduit, — et qui ont été confirmés récemment, notamment en Allemagne, — ont établi que, dans les grandes lignes, les températures des diverses classes d’étoiles sont en bon accord effectif avec les inductions géniales que sir N. Lockyer avait déduites de l’analyse spectrale.