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détail, faciles à satisfaire par des formules conciliatrices. C’est encore un de ses amis, un des confidents du « grand dessein, » Théodore Maimbourg, catholique de naissance, devenu protestant ; une de ces intelligences sincères et curieuses que leur probité même et leur ouverture faisaient hésiter, et qui, comme Bayle plus tard, promenèrent, sous les injures de tous les partis, à travers les confessions chrétiennes, une indécision honorable. Sans doute, si Maimbourg désire impatiemment la paix, c’est parce qu’il voit poindre et croître la politique de guerre du jeune roi, et les défections qui menacent les Eglises françaises, et la « dernière désolation » qui s’approche. Mais c’est aussi parce que les explications de Bossuet la lui font, à lui également, acceptable ; parce que c’est « sous des explications raisonnables » que la rentrée dans la communion romaine lui est proposée par Bossuet. Dans un voyage à Paris en août 1666, Bossuet lui a répété ses entretiens avec Ferry. Et Maimbourg écrit à Ferry : « M. Bossuet a eu la bonté de m’expliquer les choses, » et il l’a fait « avec tant de netteté et d’équité et il les met dans un si beau jour qu’il ne me reste plus de difficultés sur les matières que vous avez déjà examinées ensemble. »

Or, sur tous ces points, Bossuet proclame qu’il n’a rien avancé « qui ne soit approuvé universellement parmi les catholiques. » Au même Maimbourg qui lui dit sa crainte « qu’il ne soit pas avoué de ces explications si claires, » il demande, en riant, si on le croit homme à s’exposer à un désaveu ? Il affirme « sérieusement » que sa doctrine est conforme et au Concile de Trente et aux théologiens les plus autorisés et les plus orthodoxes, et que « plût à Dieu qu’il ne tint plus qu’à l’aveu ! » Est-ce, à dire qu’ils croient, Ferry, Maimbourg et lui, la Réunion faite et l’ouvrage terminé ? Nullement. Ce n’est pas tout « que d’être convenu, et à deux ou à trois, de cette diminution du nombre et de la gravité de nos controverses anciennes. » Il faut encore deux choses ; tous trois ils sont d’accord aussi sur ces desiderata ultimes.

L’un, c’est, comme l’indiquait Maimbourg à la fin d’octobre, de trouver les expressions propres à « satisfaire les plus délicats » des deux communions, sans « blesser leur conscience ni la vérité. »

L’autre, c’est de chercher comment se réaliserait, dans les