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IV. — L’EFFORT DES EDITEURS

Devant ces périls, les éditeurs ne sont pas restés les bras croisés et n’ont pas pratiqué la trop facile et stupide politique de « la tête sous l’aile.. » Ils ont compris qu’ils ne devaient plus s’exposer au reproche d’insouciance et de routine, qui leur avait été souvent adressé, et non toujours à tort, avant la guerre. Inquiets du présent, plus alarmés de l’avenir, ils se sont ingéniés. Tandis que les jeunes se battaient, les chefs de maison que leur barbe grise écartait de la tourmente ont uni leurs efforts pour de pratiques organisations corporatives. Et une fois démobilisés, leurs fils sont venus à la rescousse.

Leurs initiatives sont intéressantes. Elles ont commencé à donner quelques résultats. Elles rendront certainement meilleures les conditions dans lesquelles le Livre français sera produit et vendu à l’avenir. Toutefois, et si efficaces qu’elles puissent être un jour, il faut bien voir qu’elles ne réussiront qu’à atténuer la crise actuelle. Et c’est le péril présent qu’il s’agit de conjurer. Elles ne doivent donc pas nous dispenser de multiplier nos efforts pour la modification des droits de douane sur le papier blanc et imprimé, et pour le vote de toutes mesures pouvant réduire le prix de la vie et par conséquent aider à rétablir des salaires plus normaux.

Tout d’abord, l’Agence générale de librairie et de publication fondée un peu avant la guerre, afin d’assurer à la librairie française de nouveaux débouchés à l’étranger, a perfectionné son organisation pendant la guerre. Elle a pris l’initiative d’une série de voyages d’études, institué à l’usage des libraires détaillants un service gratuit de bibliographie et de renseignements, fondé des succursales à Londres, New-York, Amsterdam, etc. Le 8 novembre 1918, sous le contrôle et avec le concours de l’autorité militaire, elle en ouvrait une à Sofia. Dès le lendemain de l’armistice, elle envoyait un train complet de livres français destinés aux libraires roumains absolument dépourvus de livres depuis le début de la guerre. Elle ne cesse de préparer de nouvelles ramifications à l’étranger.

D’autre part, il y a deux ans, une quarantaine d’éditeurs parisiens ont fondé une Société d’Exportation des Éditions françaises, qui a pour but d’unir les efforts et les ressources