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des achats faits en commun à des taux plus avantageux. Nous sommes à la veille d’obtenir des résultats qui ne tarderont pas à se faire sentir. Demain, pour diminuer le plus possible les achats au dehors, — que le cours du change rend particulièrement dispendieux, — nous exploiterons nos forêts coloniales. Et nous étudions le moyen d’utiliser directement, sans passer comme aujourd’hui par l’intermédiaire de l’étranger, l’alfa que l’on récolte chez nous en Algérie et en Tunisie, et qui fournit à bon compte un papier solide, léger, pas fatigant pour la vue, et peu coûteux. Nous nous arrangerons pour le traiter industriellement sur place ou pour le transporter en France à moindre prix en assurant un fret de retour aux bateaux qui l’apporteront dans la métropole.

« Mais, pour l’instant, ce qui explique le haut prix du papier et son renchérissement progressif après quelques mois de baisse, c’est, outre la valeur très élevée du charbon, — dont nos fabrications exigent une quantité énorme en attendant le secours de la houille blanche, — le cours actuel du change qui alourdit d’une manière terrible le taux de nos approvisionnements à l’étranger. »

Cette argumentation enferme une part de vérité, mais en laissant subsister toute la gravité du péril actuel. En ce qui concerne les améliorations projetées, souhaitons que, le plus vite possible, les fabricants français de papier, unis dès maintenant pour d’avantageux achats en commun, adaptent leurs usines à la houille blanche, — comme plusieurs l’ont déjà fait, mais sans que nous fût donnée la satisfaction d’enregistrer une baisse correspondante, — exploitent nos forêts coloniales et ne nous offrent pas plus longtemps le dérisoire spectacle de tout notre alfa tunisien et algérien acquis par l’Angleterre qui nous le revend, à nous ses producteurs, avec un gros bénéfice.

En attendant ces heureux jours, les centimes qui, par suite des droits à l’importation du papier, pèsent sur chacun de nos volumes moyens constituent une sérieuse surcharge. Le prix du papier est augmenté de dix-sept francs par cent kilos, ce qui représente 17 000 francs pour une maison employant cent tonnes.

Telle est donc la première des causes du renchérissement des livres : le prix du papier. C’est le chapitre où certaines atténuations peuvent être le plus aisément réalisées : il est essentiel qu’elles le soient sans retard.