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francs, et [l’argent de] Bassange fera tous les frais de l’établissement. Nous aurons encore cent actions du chemin de fer du Nord. Mais ce sera sujet à un versement de sept mille cinq cents francs dans les premiers jours de 1847. Autant qu’une affaire est possible [à prévoir finie], celle-là me semble faite, car les propriétaires veulent vendre et je veux acheter. Ils sont ennuyés des vignes, car la vigne a cela d’ennuyeux qu’on peut faire pendant cinq à six ans les frais (cent francs par arpent) sans rien récolter, et la bonne année donne deux mille francs de vin par arpent. Aussi, ceux qui n’ont que des vignes pour tout revenu, risquent-ils de mourir de faim. Elles n’enrichissent que les riches. Il ne nous en faut donc que dix arpents, une amusette, qui ne nous ruine pas par les mauvaises années, et dont le fort produit nous arrive [à point] pour quelque agrandissement. Nous sommes à deux lieues de Tours, à trois quarts d’heure en voiture.

L’air natal m’a fait un bien inouï. J’étais parti encore un peu fatigué ; mais je suis revenu bien reposé dans un état de santé merveilleux.

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[Passy, 17-19 juillet 1846].

Vendredi, 17 juillet.

Mon cher louloup, je me suis levé à deux heures et quart, et je n’ai pas encore, au jour, écrit deux lignes ! J’ai rêvé, j’ai pensé à nous, je viens de me promener au crépuscule dans le jardinet que tu connais, regardant le réséda que tu aimes, et voyant des boutons de roses blanches poussées depuis les pluies et qui me permettront de t’envoyer des pétales dans ce courrier, qui partira dimanche. Et voici ce qui m’a plongé dans cette coûteuse rêverie, mais si charmante que je ne me la reproche point.

J’ai relu cette moitié de la fin de Splendeurs et misères [des courtisanes] que publie l’Epoque (hier, ma journée a été prise de midi à cinq heures, pour aller faire faire une rectification que tu auras vue quand cette lettre t’arrivera), et je me suis mis à considérer ce que j’avais encore à écrire pour donner à la Com[édie] hum[aine] un sens raisonnable, et ne pas laisser ce monument dans un état inexplicable, et j’ai trouvé que j’avais [encore] plus de deux cents feuilles de la