Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/306

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

navires austro-hongrois. A défaut de telles occasions, elle a réservé l’emploi doses bâtiments légers de grande vitesse à des coups de main contre les ports austro-hongrois de l’Adriatique.

Qu’il s’agit de grandes ou de petites unités, le Commandement naval italien a d’ailleurs paru inspiré par la préoccupation de conserver le plus possible l’autonomie de sa flotte de guerre, et d’en garder la totalité disponible pour la mer dans laquelle il a vu son domaine propre, pour l’Adriatique. Un exemple a été fourni en mai 1918, où il a refusé de détacher de Tarente à Corfou quelques cuirassés de son escadre pour y remplacer des unités françaises envoyées à Moudros. On ne saurait évidemment chercher le motif de son refus dans la crainte d’exposer ses navires aux risques de la courte traversée entre Tarente et Corfou. On ne peut donc trouver ce motif que dans le désir de l’amiral italien d’éviter la dislocation temporaire de son escadre cuirassée, et de garder sous sa main la totalité de ses forces, à sa disposition de tous les instants, dût-il n’avoir jamais besoin de toutes. Quoi qu’on pense de ces raisons, on doit convenir qu’elles eussent été plus légitimes, si la marine italienne n’avait pas dû recourir, en Adriatique même et pour en garder le débouché, au concours des Alliés, à qui elle n’a pas donné le sien à quelques milles de sa base, et si elle n’avait pas été presque entièrement tributaire d’eux pour la liberté de la Méditerranée, qui était pourtant le poumon de l’Italie.

Les actions les plus brillantes et les plus efficaces accomplies par la marine italienne en Adriatique ont été l’œuvre des grandes vedettes automobiles lance-torpilles, dénommées « moloscafes. » A l’actif des valeureux équipages de ces vedettes, il faut citer : trois torpillages à Durazzo, dont deux sous l’escorte d’une escadrille de contre-torpilleurs français ; un torpillage à Buccari ; un torpillage à Trieste ; une entrée ou torpillage à l’intérieur de la rade des iles Brioni ; le torpillage du cuirassé Saint-Etienne ; l’entrée du capitaine Pellegrini à Pola ; enfin le torpillage du Viribus-Unitis, la veille de la signature de l’armistice, à l’aide d’un petit engin spécial, de moindres proportions que les motoscafes jusqu’alors en usage. C’est en somme sa flottille de vedettes a pétrole, très audacieusement et habilement conduites, qui a valu à la marine italienne ses exploits les plus remarquables et ses résultats les plus importants, par une série d’heureux coups de main en haute Adriatique.