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en Italie comme fête nationale italienne. Ce jour-là, des manifestations en l’honneur de la France se sont produites d’un, bout à l’autre de la péninsule. L’héroïsme de notre patrie, sa grandeur, sa mission civilisatrice y ont été proclamés. D’énormes registres, contenant des adresses de sympathie et d’affection, se sont couverts de centaines de milliers de signatures. Une compagnie d’infanterie française, venue du front italien à Rome, avec le drapeau et la musique de son régiment, a été portée, plutôt qu’elle n’a circulé, dans les rues. Semblable accueil triomphal a été fait à des détachements de notre armée dans d’autres villes italiennes. A se rappeler cette date, et à en méditer la leçon, les Italiens n’ont pas moins d’intérêt que les Français.


XV. — LA COOPÉRATION NAVALE

Il faut examiner maintenant brièvement la coopération franco-italienne dans la guerre maritime.

Avant tout, il convient de prendre acte de ce que la coopération inverse, celle de l’Italie avec l’Autriche-Hongrie, ne se soit pas produite. Car la réunion de deux flottes aussi puissantes que l’italienne et l’austro-hongroise eût été singulièrement dangereuse, soit qu’elle fût survenue au début des hostilités, quand nous faisions franchir la Méditerranée à nos troupes d’Algérie, soit qu’elle se fût réalisée à la fin de mai 1915, quand l’escadre anglaise et une division de la nôtre étaient engagées aux Dardanelles. Mais, réciproquement, l’entrée en guerre de l’Italie contre deux Puissances maritimes comme l’Angleterre et la France aurait placé sous une menace des plus graves un pays qui est tout en côtes peu défendues sur la Méditerranée, dont le rivage occidental se fût trouvé particulièrement exposé, qui enfin s’alimente et s’approvisionne largement à l’extérieur. En y réfléchissant, on s’aperçoit donc que les conditions maritimes étaient parmi celles qui conseillaient le plus à l’Italie, ou de garder la neutralité, ou de choisir le camp anglo-français, à la. France et à l’Angleterre ou de ne pas l’avoir contre elles, ou de l’avoir avec elles.

En second lieu, si, sur terre, c’est la Russie qui a supporté le poids principal de l’effort de l’Autriche-Hongrie pendant la neutralité italienne, sur mer, c’est la France. Pendant les neuf mois que l’Italie est restée neutre, c’est l’armée navale