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fait en s’emparant du Mont Bobiste et du massif de Baba, et en poursuivant sa marche stratégique à travers les montagnes, jusqu’à ce qu’il fût arrêté par l’armistice avec la Bulgarie.

L’insistance même qui a été mise par les Alliés, par nous surtout, à solliciter le concours militaire italien à Salonique puis à en demander l’accroissement[1] prouve qu’un contingent d’une cinquantaine de mille hommes était un appoint intéressant sur ce théâtre d’opérations, plus peut-être que sur aucun autre. Ceci posé, à l’actif de l’Italie, il convient de faire justice de certaines exagérations. Un bouillant journal nationaliste l’Idea Nazionale écrivait en effet le 27 novembre 1916 : « Sans vouloir faire une révélation, on peut affirmer aujourd’hui que, quelle que soit l’unité organique de notre corps expéditionnaire, sa force effective en hommes est telle qu’elle le fait aller de pair, pour l’importance et la valeur, avec celui de n’importe laquelle des autres Puissances. » C’est là une assertion purement gratuite. Une publication officielle du Grand Quartier Général de Padoue indique, comme total de l’effectif italien en Macédoine, le chiffre de 55 000 hommes. Même en prenant pour base de comparaison ce chiffre, qui semble élevé, une différence du simple au quadruple apparaît avec le contingent français sur le même front. S’il a pu arriver que, dans nos troupes, qui n’avaient pas attendu le mois d’août 1916 pour faire connaissance avec le Vardar, et dont certaines avaient traversé auparavant les sombres jours de Sedd-Ul-Bahr, l’effectif des baïonnettes en ligne soit tombé, par moments, au-dessous de la normale, du fait des maladies et du feu, il importe de ne pas oublier que les pertes temporaires ou définitives sont un aléa de la guerre et que les sacrifices ne viennent pas, tant s’en faut, en déduction de l’effort qui les a coûtés. Tel qu’il fut, l’effort italien sur le front de Macédoine a été d’une incontestable utilité, mais il n’a rien à gagner à des comparaisons numériques dénaturées, dont l’inexactitude saute immédiatement aux yeux.

  1. Des demandes en vue d’augmenter l’effectif italien ont été faites à Rome et à Udine par les Alliés en septembre 1916, où une brigade fut accordée, en octobre et novembre de la même année et enfin en janvier 1917, ces trois dernières fois sans résultat.