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Cadorna.qui s’est déclaré prêt à donner environ 70 000 hommes, si le gouvernement royal y consentait. Mais, à Rome, le général Gouraud n’a pas été plus heureux que les ambassadeurs et il en est parti sans avoir obtenu autre chose que la promesse de mettre la question en délibération devant le Conseil des ministres. Soumise effectivement au Cabinet, la question a été résolue par la négative.

Trois semaines plus tard, à la fin de novembre 1915, le gouvernement italien décidait de consacrer une partie des effectifs dont le général Cadorna disposait pour une action extérieure, à ces occupations de Durazzo et de Vallona, dont on vient de rappeler l’origine et le développement. Mais cette action en Albanie, d’un intérêt politique direct pour l’Italie, ne répondait que très imparfaitement au besoin qui poussait les Alliés à solliciter le concours italien dans les Balkans. Aussi, dès janvier 1916, le gouvernement français est-il revenu à la charge à Rome, ne demandant cette fois que l’envoi d’une division à Salonique. Cette fois encore, la demande a été écartée. La question toutefois est restée ouverte et, remise sur le tapis, à diverses reprises, au cours du printemps et de l’été de 1916, simultanément à Udine et à Rome, elle a abouti, en août de la même année, à l’envoi à Salonique d’une division italienne à effectifs renforcés et pourvue d’artillerie de montagne, sous les ordres du général Pettiti.

Quels ont pu être les motifs qui ont fait ajourner aussi longtemps cette participation ? Le défaut d’effectifs disponibles ne saurait être allégué, puisque le commandement en chef se déclarait, dès novembre 1915, en mesure de donner plus même qu’il n’a accordé en août 1916. Les motifs militaires et politiques auxquels le Cabinet a obéi s’expliquent probablement par les déceptions que donnait l’entreprise de Salonique, au moment où il était invité à s’y associer et par l’injuste défaveur dont elle était entourée, ailleurs qu’en France. La défaillance des Grecs, par où les prévisions premières des Alliés avaient été en défaut, la situation précaire des troupes échelonnées le long du Vardar, la probabilité entrevue d’une retraite, qui se produisait effectivement peu de temps après, sur le camp retranché de Salonique ; enfin et surtout les hésitations et les répugnances trop connues de hauts personnages anglais, civils et militaires : autant de raisons plausibles de la froideur du