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peine. En juillet 1918, une offensive heureuse l’a porté au-delà de la Vojoussa, lui a donné les fortes positions de Malarastra et l’a conduit jusqu’à Bérat. Malheureusement, au moment où se déclenchait et se poursuivait, avec le succès que l’on sait, l’offensive de l’armée d’Orient, le progrès du corps italien de Vallona a été détruit de moitié par un retour offensif des Autrichiens. Des renforts envoyés d’Italie l’ont cependant mis en mesure de faire front sur les crêtes, où il s’était maintenu, et de profiter de la victoire du général Franchet d’Esperey en Macédoine pour reprendre, le 1er octobre, l’avance vers le Nord, faire sa jonction à El-Basan avec l’armée d’Orient et, poussant devant lui les Autrichiens mis en déroute, atteindre l’extrême Nord de l’Albanie, où l’armistice avec l’Autriche l’a arrêté.

Telle a été, sur le front d’Albanie, la coopération militaire de l’Italie à la guerre dans les Balkans.

Sa participation directe à l’expédition de Macédoine a été le résultat de pressantes demandes de ses alliés. Dès le temps de l’expédition des Dardanelles, premier front ouvert en Orient par la coalition, le gouvernement italien, pressenti sur ses dispositions à s’y associer, en avait décliné la proposition, d’ailleurs vague. Mais, quand l’agression de la Bulgarie contre la Serbie, envahie au Nord par les Austro-Allemands, eut appelé les Français et les Anglais à Salonique, et que la malveillance du roi Constantin eut privé ceux-ci du concours grec, les gouvernements de Paris et de Londres se sont adressés à celui de Rome, afin d’obtenir la participation de l’Italie à la nouvelle expédition. De la mi-octobre au début de novembre 1915, se sont succédé des démarches des ambassadeurs de France, d’Angleterre, de Russie à Rome, auprès de M. Salandra et de M. Sonnino, des attachés militaires français, anglais, russe, à Udine, auprès du général Cadorna. Ce dernier s’est montré disposé à répondre au désir des Alliés. Mais, s’il était juge des possibilités, il n’était pas maître de la décision et le gouvernement italien n’a pas cru alors devoir la prendre. Devant l’insuccès des efforts des représentants accrédités, le gouvernement français, le plus ardent à persévérer dans l’expédition, dont M. Briand avait la paternité, a imaginé de recourir à l’influence du général Gouraud, qui, à peine remis de l’amputation d’un bras, est venu en mission à Udine et à Rome. À Udine, il a aisément achevé de convertir à sa cause le général