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tels, qui l’ont fait écarter ou ajourner. Il est vrai que ces obstacles ne nous ont pas empêchés de faire l’expédition des Dardanelles et celle de Salonique. Mais les effectifs considérables engagés par les Anglais et par nous-mêmes dans ces deux expéditions sont devenus dès lors une raison de plus de ne pouvoir subvenir simultanément aux besoins d’une expédition en Italie.

La suggestion en a pourtant été faite une fois, officiellement, par les Italiens eux-mêmes. Dans les premiers jours de janvier 1917, le général Cadorna a soumis aux Alliés, réunis en conférence à Home, l’idée d’une offensive interalliée par le front italien à exécuter au printemps de la même année. Il fut décidé que chaque État-major général en étudierait séparément les modalités et communiquerait aux autres les résultats de son étude, décision qui, sans être une fin de non-recevoir, présageait déjà cependant une solution négative. En réalité, la réalisation de la suggestion du général Cadorna supposait, pour que l’offensive interalliée par le front italien fût menée avec des forces suffisantes, l’adoption d’une tactique à peu près défensive sur le front français, donc l’ajournement des projets d’offensive prévus sur ce dernier front. Or les États-majors généraux français et anglais envisageaient dès ce moment, pour le printemps de 1917, des opérations offensives, qui furent effectivement entreprises au mois d’avril suivant, et dont l’exécution ne laissait pas, la marge d’effectifs nécessaires à l’envoi de gros contingents alliés sur le front italien. Au cours de l’hiver de 1917, le général Nivelle, alors commandant en chef des armées françaises, s’étant rendu en visite à Udine, Grand Quartier général italien, y exposa ses plans au général Cadorna, et celui-ci comprit tout de suite qu’ils étaient incompatibles avec l’espoir dont il s’était bercé.

Ce furent les nécessités de la défensive qui appelèrent en Italie, à l’automne de 1917, les contingents français et anglais qu’il avait, ou plutôt qu’il n’avait pas été question d’y envoyer pour l’offensive. Le maréchal Pétain, commandant en chef des armées françaises, fut-il alors enclin à porter immédiatement notre renfort en Italie à un effectif suffisant pour lui donner d’emblée la capacité offensive, avec le concours, bien entendu du contingent anglais et de l’armée italienne ? Cela se peut. Mais il parut plus sage, dans des circonstances encore aussi