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mieux en assurer l’application, c’est qu’ils ont rencontré des difficultés sérieuses. Nous n’avons pas fait la guerre seuls ; nous n’avons pas seuls remporté la victoire ; nous n’étions pas seuls à rédiger les textes qui règlent la paix. La prochaine entrée en vigueur du Traité de Versailles va faire passer les pourparlers dans l’histoire ; nous serions étonnés si les gouvernements n’étaient pas amenés tôt ou tard à en révéler les grandes lignes, et à éclaircir ainsi le problème qui reste incertain pour le public. En tout cas, si le traité ne nous a pas donné avec précision toutes les garanties auxquelles nous avions droit, c’est une raison pour que les Alliés qui ont eu une part prépondérante dans les négociations ne nous laissent pas nous débattre seuls dans les difficultés qui nous sont imposées par ces négociations mêmes. L’insuffisance de l’indemnité allemande, telle qu’elle résulte du traité, doit être compensée par l’aide que nous donneront nos Alliés. Dans son bref discours du Sénat, M. Ribot a insisté avec raison sur la nécessité de négocier avec les États-Unis et l’Angleterre. C’est l’intérêt commun des Puissances associées que la France, qui a supporté la plus lourde charge de la guerre, puisse se relever le plus vite possible, avoir la force indispensable pour assurer l’exécution du traité par l’Allemagne, et jouer complètement son rôle de gardienne de la paix dans l’Europe nouvelle. Les conversations qui se poursuivent à ce sujet ont été signalées à la Chambre par M. Klotz et au Sénat par M. le président du Conseil lui-même. Elles ne paraissent pas avoir eu encore de résultat et peut-être ne pourront-elles en avoir qu’après la mise en vigueur du traité : nous sommes donc près de la date où elles peuvent aboutir.

Si nos Alliés pour nous aider attendent de connaître de quel effort nous sommes capables nous-mêmes, ils vont être renseignés. M. Klotz a donné tous les chiffres nécessaires. Pendant la guerre, nous avons eu besoin de crédits s’élevant à 209 milliards et demi. À peine avait-il prononcé ce chiffre qu’il a qualifié d’effroyable et qui est le prix de la guerre et de la victoire, que le ministre des Finances a voulu en rendre compte publiquement pour l’instruction du pays tout entier. Il l’a décomposé minutieusement ; il a indiqué que le matériel d’artillerie avait coûté 40 milliards, l’aéronautique 6 milliards, les dépenses navales 7 milliards, l’habillement, le campement, l’alimentation et la solde des troupes 59 milliards, les dépenses sociales et les allocations militaires 19 milliards, les services publics 20, les besoins de la dette 25 milliards, les premières dépenses pour les régions dévastées 12, etc. Sur ces 209 milliards de crédits, 190 ont