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Si vous parcourez l’avenue de l’Opéra le soir, en parlant du Théâtre Français, les lampadaires qui illuminent l’avenue et les fenêtres éclairées des maisons paraîtront s’écarter les uns des autres du côté de l’Opéra à mesure que vous vous en rapprochez, et se rapprocher au contraire les uns des autres du côté du Théâtre Français à mesure que vous vous en éloignez. Il en est de même dans le ciel. Or, on a constaté qu’en général les niouvenients propres des étoiles sont tels que certaines constellations paraissent s’agrandir, se dilater en quelque sorte d’année en année, tandis qu’au contraire les constellations situées du côté opposé paraissant se contracter et leurs étoiles semblent se rapprocher. On en a déduit avec évidence que le soleil est entraîné dans la direction des premières et s’éloigne des secondes. La direction vers laquelle nous sommes ainsi emportés n’est pas très éloignée de la belle étoile bleue boréale connue sous le nom de Véga. De nombreuses recherches ultérieures ont confirmé ce point. Il a notamment été bien établi au moyen de méthodes empruntées à l’analyse spectrale de la lumière, méthodes dont j’ai déjà eu l’occasion de parler ici, qui utilisent le principe dit de Doppler-Fizeau, et qui ont permis non seulement de définir la direction où est emporté le système solaire, mais de déterminer avec précision la vitesse de ce mouvement, qui est de 19 kilomètres et demi par seconde par rapport à l’ensemble des étoiles. Ce mouvement transporte le système solaire en un siècle à une distance plus de 400 fois supérieure à la distance séparant la terre du soleil. Il nous fournit donc pour la triangulation de l’univers une base qui, au bout de vingt ans, est 40 fois plus grande que la base constituée par le diamètre de l’orbite terrestre.

Si toutes les étoiles étaient stationnaires, les distances de millions d’entre elles pourraient être déterminées ainsi. Mais, en fait, elles ont généralement des déplacements individuels analogues à ceux du soleil, car le ciel tout entier avec ses étoiles « fixes » n’est en réalité qu’une gigantesque fourmilière en continuel mouvement. Il n’en est pas moins vrai que les mouvements individuels des étoiles peuvent être considérés, lorsqu’il s’agit d’un grand nombre d’entre elles, et ainsi que l’ont montré divers savants, comme se faisant en tous sens, s’éliminantparles moyennes, et c’est ainsi que les distances moyennes d’un grand nombre d’étoiles ont pu être déterminées par la méthode qui vient d’être indiquée.

Nous touchons ici à une méthode indirecte de mesure des distances stellaires qui a été également beaucoup employée. Cette mélhode est