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Il est déjà permis d’attribuer eux entretiens de Londres un résultat qui nous est connu et qui nous paraît d’une grande importance. Le Conseil suprême a décidé que le traité de Versailles devait être mis en vigueur le 1er décembre. Cette résolution était nécessaire et nous avions déjà exprimé ici le vœu qu’elle fût prise. Le traité de paix est ratifié depuis plusieurs semaines par quatre grandes puissances. Le Conseil Suprême a eu besoin de temps pour arrêter toutes les mesures indispensables à son application. Ce travail est achevé ou près de l’être ! La plupart des commissions sont constituées et le maréchal Foch a réglé l’envoi des délégations militaires ainsi que les questions relatives aux troupes d’occupation. Le moment est venu où l’Allemagne doit exécuter les conditions qui lui ont été imposées et où toutes les conséquences politiques, économiques et de tout ordre du document signé à Versailles, doivent passer dans les faits. Il n’y a pas de raison pour que le débat qui se poursuit à Washington retarde la mise en vigueur du traité. La question des attributions respectives du Congrès américain et du Président que discute le Sénat est une affaire d’interprétation et une affaire de politique intérieure. On imagine mal que Les réserves votées à ce sujet puissent mettre en jeu le traité lui-même qui est d’un intérêt universel. Nous gardons jusqu’au bout cette confiance. La guerre a créé un lien trop fort entre les États-Unis et nous pour que la France doute jamais du peuple américain. Le Conseil suprême a été bien inspiré en décidant que le traité déjà ratifié par l’Angleterre, la France, l’Italie, le Japon, et qui touche si fort l’Europe et le monde entier devait devenir le Ier décembre une réalité.


ANDRÉ CHAUMEIX.


Le Directeur-Gérant

RENE DOUMIC.