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souvenir demeure dans notre pays environné de tant d’attachement et de respect ; il a retracé les grands événements qui viennent de se dérouler ; il a rappelé avec émotion les exploits accomplis par les deux armées alliées sous le commandement du maréchal Foch, auquel il a eu la noble pensée de donner le bâton de feld-maréchal des armées britanniques, et c’est à la fois avec chaleur et avec hauteur d’esprit qu’il a exprimé la confiance qu’il met dans l’alliance solide et durable des deux peuples pour assurer à toutes les nations un avenir de calme, de travail et de sécurité. M. le Président de la République, qui en maintes circonstances depuis sept ans a représenté notre pays avec tant de tact et d’autorité, a répondu au souverain en prononçant un discours où il a su tracer un tableau magnifique de ce que l’Angleterre a accompli pendant les hostilités, de ce qu’elle a fait pour la victoire, et de ce que promet aux deux nations comme à l’humanité entière l’union indissoluble de l’Empire britannique et de la France.

Ces manifestations ne sont pas seulement les signes heureux d’une fraternité étroite : elles répondent aux événements et elles assurent le règlement de bien des questions importantes. La paix est faite, mais son application pose encore tant de problèmes qu’elle réclame la pratique constante de la collaboration Franco-anglaise. La présence de M. Pichon à Londres au moment même où M. Poincaré s’y trouvait a donné au voyage du Président de la République un caractère plus important que celui d’une simple visite d’amitié. Au cours des conversations qu’il a eues avec les membres du Cabinet anglais, notre ministre des Affaires étrangères a pu aborder bien des sujets à l’égard desquels l’entente de Londres et de Paris permettra des solutions nécessaires. Les nouvelles qui viennent de Washington invitent l’Angleterre et la France à se préoccuper ensemble de l’avenir du traité de paix. Les nouvelles qui viennent de Russie exigent plus que jamais des Alliés la recherche et la définition d’une politique. Les nouvelles enfin qui viennent d’Orient, rendent opportune une action commune pour constituer une Turquie viable, respectueuse de ses voisins comme de la vie et des intérêts de ses sujets chrétiens. L’accord de l’Angleterre et de la France est indispensable à la stricte application du traité de Versailles et à la sécurité de l’Europe. Après avoir servi à gagner la guerre, il aidera à gagner la paix. L’opinion de notre pays a appris avec une particulière sympathie l’accueil que le peuple britannique avait fait au représentant de la nation française et elle y a vu avec une confiante satisfaction une preuve nouvelle de l’amitié qui nous unit à notre alliée.