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également à l’empereur Guillaume ; enfin, démarche non officielle de l’ambassadeur de Russie à Berlin auprès du chancelier. Le but de ces démarches était de démontrer, d’un côté, le défaut de forme du traité de Bjorkoe, qui n’avait pas été contre-signé par le ministre des Affaires étrangères de Russie, et de l’autre, les contradictions contenues dans le texte même du traité et qui rendaient nécessaire de soumettre celui-ci à un nouvel examen. Aucune de ces démarches n’aboutit à un résultat satisfaisant.

Or, la Russie et les États-Unis allaient procéder à l’échange des ratifications du traité de Portsmouth, et c’est à ce moment que devait entrer en vigueur le traité de Bjorkoe. Le comte Lamsdorff résolut donc d’imprimer aux négociations un caractère plus énergique. Il écrivit à M. Nelidoff, ambassadeur de Russie à Paris, pour lui demander s’il était possible de sonder le gouvernement français au sujet d’une adhésion éventuelle de la France au traité de Bjorkoe ; M. Nelidoff s’empressa de répondre, sans même consulter le gouvernement français, que la France qui ne s’était jamais résignée à l’ordre de choses créé par le traité de Francfort et qui venait de conclure avec l’Angleterre « l’entente cordiale, » ne consentirait jamais à se joindre à une pareille alliance. Une nouvelle lettre fut alors adressée par l’empereur Nicolas à Guillaume II pour lui exposer encore une fois l’impossibilité de donner suite, dans les circonstances actuelles, au traité de Bjorkoe. En même temps, le comte Lamsdorff adressait au comte Osten-Sacken des instructions le chargeant de déclarer d’une manière formelle que, l’adhésion de la France ne pouvant pas être obtenue en ce moment, et les obligations du traité de Bjorkoe ne pouvant être conciliées avec celles du traité d’alliance entre la France et la Russie, le premier de ces traités devait rester inopérant jusqu’au jour où une entente serait établie à ce sujet entre la Russie, l’Allemagne et la France. Le comte Osten-Sacken devait ajouter que beaucoup de temps et de patience seraient nécessaires pour décider la France à se joindre à la Russie et à l’Allemagne, et que le Gouvernement russe s’emploierait de son mieux à atteindre ce résultat.

Aucune des réponses reçues de Berlin par le comte Lamsdorff et par le comte Witte ne contenait, — mes souvenirs sur ce point sont très nets, — de reconnaissance formelle de