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fravaux d’Ampère. Celui-ci remarquait que dans les gaz et les vapeurs les molécules sont nécessairement placées à des distances relativement considérable les unes des autres (puisqu’on peut réduire énormément et jusqu’à le liquéfier le volume d’un gaz), et que ces distances sont telles que les forces d’affinité des molécules entre elles, variables suivant leur nature propre, ne doivent pas avoir pratiquement d’influence. Dès lors les particules gazeuses subissent des lois d’équilibre physique qui leur sont communes à toutes et qui dépendent uniquement des conditions physiques de température et de pression. Elles sont par suite équidistantes à température et pression égales, quelle que soit la nature chimique du gaz considéré. Ces conclusions d’Ampère, tirées par lui de ses travaux sur la dilatation des gaz (on sait que tous les gaz se dilatent proportionnellement d’une même quantité pour une même élévation de température) et leur transparence, apportaient un appui sérieux à l’hypothèse d’Avogadro.

Un grand nombre d’autres phénomènes physiques, en apparence très disparates (et sur lesquels l’espace me manque pour insister), tels que la pression des gaz, la cryoscopie, l’osmose, la diffusion, l’électrolyse des solutions, ont apporté des confirmations indépendantes et nombreuses de l’hypothèse d’Avogadro, grâce à laquelle des faits multiples, au premier abord incompréhensibles et sans aucun lien, deviennent simples, cohérents et facilement intelligibles. La loi d’Avogadro s’est trouvée ainsi vérifiée et établie avec le maximum d’évidence.

Mais cela étant, si des volumes égaux de différents gaz contiennent, dans les mêmes conditions, le même nombre de molécules, il s’ensuit évidemment que les poids relatifs des molécules des différents gaz, qu’on appelle abréviativement leurs poids moléculaires, sont proportionnels à la densité relative de ces gaz. C’est ainsi qu’ont été déterminés les poids moléculaires d’un grand nombre de corps par rapport à celui de l’hydrogène, le plus léger des gaz, qui est posé arbitrairement égal à 2 (le poids de l’atome d’hydrogène étant par hypothèse posé égal à 1). C’est ainsi qu’on sait, par exemple, que le poids moléculaire de l’oxygène est 32, celui de l’eau 18, etc., etc. On a également pris l’habitude d’appeler molécule-gramme d’un corps le poids de ce corps qui, exprimé en grammes, est égal à son poids moléculaire. Les molécules-grammes de l’hydrogène, de l’oxygène, de l’eau pèsent donc respectivement 2, 32 et 18 grammes. Or les poids de ces gaz et vapeurs à la pression atmosphérique et à la température ordinaire occupent un volume d’environ 22 litres, 3.