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cet officier et de plusieurs papiers qui étaient sur son bureau. Cet acte d’impertinence et de violence contre un officier aurait dû être puni de suite. Il s’est contenté d’arrêter M. David jusqu’à ce qu’il eût reçu mes ordres qui ont été de faire rendre les papiers sur-le-champ et d’exiger une copie certifiée de l’ordre par lequel il agissait. S’il se refusait à ces deux choses, de me l’envoyer à Civita-Vecchia avec un rapport détaillé de cet événement inouï s’il ne parlait de M. Alquier, qui a eu l’art de se brouiller avec tout le monde, excepté avec le gouverneur de Rome qu’il ne devrait voir que pour le rappeler au respect dû aux Français. »

Ainsi ; , David est amené « par ordre de l’officier dalmatien » à Civita-Vecchia, où il est mis au cachot à la citadelle et, le lendemain, Malet écrit (10 mai) à M. Palanque, adjudant de place à Civita-Vecchia : « Vous devez avoir reçu hier à la citadelle de Civita-Vecchia le sieur David, employé dans les relations commerciales, qui a fait un abus horrible de son pouvoir envers M. Tulatti, officier remplissant les fonctions d’adjudant des côtes a Fiumicino. Je vous recommande cet insolent avec la défense de ne le laisser parler à personne. Vous lui ferez donner d’ailleurs les vivres militaires et, s’il veut s’en procurer d’autres, ce sera par le moyen d’un sous-officier de confiance. »

Le 11 mai, il écrit de nouveau au général Charpentier, mais il est bien obligé cette fois de reconnaître que les prétendues violences exercées par David sur l’officier dalmate ont eu pour objet « de lui faire exhiber des ordres dont, écrit Malet, il ne devait compte qu’à moi seul. » et il ajoute, ce qui est l’essentiel : « L’ordre de M. Alquier en date du 5 mai est conçu d’un style si offensant que la passion et l’animosité s’y peignent d’une manière visible. M. Alquier devrait savoir que lorsqu’on s’est adressé à moi pour redresser quelques abus, je n’avais jamais refusé justice... M. Alquier, suivant l’impulsion de son caractère méchant et vindicatif, espérait trouver des ordres de ma part qui me compromettraient et il n’a fait que se compromettre lui-même et son étourdi d’agent. »

Si bonnes qu’elles fussent, ces raisons ne prévalurent point sur les plaintes qui s’élevaient de tous côtés, du secrétaire d’Etat de Sa Sainteté, des commandants de navire, du roi de Naples auquel Malet avait voulu soustraire un bateau de prise, enfin et surtout de l’ambassadeur qui avait expédié à Milan, près du vice-roi,