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quinze jours et d’avance, la somme de 700 écus romains et, pour les premiers trente jours, 50 louis à Mme Zanetti, dont le mari commande la place de Rome. A la suite de combinaisons diverses, Malet se fait remettre un engagement de payer à lui 2 100 louis romains et 100 louis à Mme Zanetti. Pour soustraire les tenanciers à la police romaine qui veut les expulser, il les attache officiellement au bureau de son État-major. Mêmes pratiques à Terni et à Narni où Malet donne l’ordre au commandant de ces deux places de concéder un local au tenancier des jeux de roulette, etc. ; mêmes pratiques à Albano où le tenancier doit donner six francs par jour et payer quinze jours d’avance.

De son chef, Malet ordonne des taxes sur les navires français chargeant dans des ports des États pontificaux à destination de la France. Plainte est portée par les capitaines au consul général Stamaty, lequel rend compte à l’ambassadeur. Alquier ordonne qu’on envoie à Fiumicino, pour faire une enquête, M. David, secrétaire d’ambassade, faisant fonction de vice-consul. C’est un jeune homme intelligent, actif, mais qui peut-être manque de sang-froid. Non seulement il se fait communiquer par l’officier dalmate qui commande à Fiumicino les ordres qu’il a reçus du général, mais il les emporte, ainsi que les pièces établissant les taxes perçues, pour les montrer à son chef. Alquier ordonne aussitôt à David de reporter les pièces ; mais Malet ne peut admettre qu’il ait ainsi été pris en flagrant délit. Il donne au dalmate l’ordre d’arrêter David « s’il a l’audace de revenir. » Cet ordre est exécuté. David est transporté à la forteresse de Civita-Vecchia où il est mis au secret.

Ces faits, tels qu’ils sont présentés par Alquier, sembleraient indiquer chez leur auteur une exaltation voisine d’un trouble mental ; aussi convient-il de rapporter intégralement la version donnée par Malet, dans une lettre qu’il adresse le 8 mai au général Charpentier. « M. Tulatti, officier dalmatien, que j’ai chargé de la surveillance du port de Fiumicino, à l’entrée du Tibre, homme tranquille et exact sur lequel il ne m’est parvenu aucune plainte, a été insulté par M. David, employé dans le consulat, qui est venu, avec un ordre fort impertinent de M. Alquier, pour faire sortir du port des bâtiments chargés de grains sans vouloir dire par quel ordre et si c’était pour le service de l’armée. Ce M. David, jeune homme sans éducation et fort altier, est parvenu à se saisir de l’ordre de service de