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par « Mgr le grand connétable pour prêter serment entre les mains de Sa Majesté Impériale, » il écrivit des lettres de réclamation à l’Empereur et au ministre. Il disait à l’Empereur : « Je ne puis voir dans cette dernière mesure qu’une disgrâce marquée que je dois attribuer aux nombreux ennemis que je me suis faits par ma surveillance active contre tout ce qui devait me paraître contraire à la sûreté de votre gouvernement. Serai-je victime, Sire, d’un si haut dévouement à votre personne ? Verrai-je triompher mes ennemis qui ne sont que les vôtres secrets ?... Ordonnez, Sire, que je puisse donner connaissance à des hommes dont le dévouement vous sera bien connu et Votre Majesté verra qui, de mes détracteurs ou de moi, l’avons le mieux servie. »

Etabli avec sa famille rue Taranne, en face la fontaine, Malet attendait avec une impatience qu’il ne dissimulait pas sa rentrée en activité. Entre autres démarches, il adressait au ministre de la Guerre, le 14 messidor an XIII (3 juillet (1805), une lettre où son apologie était appuyée d’une accusation en règle contre Merlet. « Je sais, disait-il, que j’ai été calomnié près de Sa Majesté Impériale. Je ne doute pas que les mêmes moyens n’aient été employés près de Votre Excellence. Ne pouvant m’attaquer sur ma conduite militaire, ni sur ma moralité, on m’a sûrement attaqué sur mes opinions politiques. Elles ont toujours été les mêmes depuis la Révolution : attachement sans bornes à mon pays et dévouement entier aux différents gouvernements qui ont été successivement appelés à le régir. J’ai donc lieu d’espérer, monsieur le maréchal, que Votre Excellence jugera aussi favorablement mes intentions qu’elle l’a fait de ma conduite militaire, et qu’elle s’empressera de me faire rétablir sur. le tableau des officiers généraux en activité à la disposition du gouvernement, en attendant qu’elle me donne une nouvelle preuve de sa confiance, de laquelle je me rendrai toujours digne. »


MALET EN ITALIE

Assurément, après les diverses expériences faites dans quatre à cinq divisions territoriales, on ne pouvait guère penser à employer Malet à l’intérieur ; mais peut-être ses protecteurs se flattaient-ils qu’il servirait mieux dans une division active.