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se réunit pour certifier que « depuis le commencement de la guerre que le citoyen Malet avait été successivement employé à cette armée, tant comme adjoint que comme adjudant général, il a apporté dans les missions diverses et multipliées qui lui avaient été confiées une activité, un zèle et une intelligence particulières auxquels avaient été constamment réunis un caractère solide et un patriotisme éclairé et que, sous le double rapport de militaire et de citoyen, il s’est concilié l’estime générale de l’armée et l’affection de ses camarades dont il emporte dans sa retraite les regrets unanimes. »


MALET GÉNÉRAL

Ce fut à Paris que Malet se rendit : la France entière discutait l’acceptation de la Constitution de l’an III et surtout les décrets par lesquels la Convention imposait aux électeurs l’entrée des deux tiers de ses membres dans les nouveaux Conseils. Malet prit violemment parti contre la liberté des élections et se chargea de la propagande dans le Jura. Il y envoyait des journaux que sa femme distribuait, pour contredire l’opinion que le représentant Saladin, girondin proscrit, avait dû faire passer « à ses amis les royalistes du département : » « J’ai eu occasion de me convaincre, écrit Malet, que tous ceux qui n’aiment pas la République voulaient le renvoi de la Convention pour nous jeter dans une nouvelle révolution qui nous aurait amené la royauté. Je regardais comme un grand mal, selon les principes, qu’un seul membre de la Convention restât, mais je me suis convaincu, par l’expérience, que ce serait un bien plus grand mal qu’ils s’en allassent. » Aussi les principes eurent tort ; mais Malet ne s’en vint point de sa personne à Dôle. « J’aurais été bien aise, écrit-il, de me trouver aux assemblées, mais, d’un autre côté, les vrais intrigants n’auraient pas manqué de dire que je venais moi-même pour intriguer et me faire nommer. » Il resta donc à Paris, rue de la Loi, n° 882, grande maison Vauban (rue Richelieu), à deux pas du palais Égalité et de la Convention.

S’engagea-t-il au 13 vendémiaire dans les rangs des patriotes de 89 ? Fit-il le coup de fusil contre les sectionnaires, on n’en a point de preuve, mais il n’en fut pas moins des victorieux. Clarke, son ami de l’Armée du Rhin, était devenu dès lors un