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1re compagnie, qui touche Saint-Georges à dix heures vingt-cinq ; deux de la 5e, qui la suivent vers onze heures. Le bombardement ennemi, qui a repris avec une nouvelle intensité sur les tranchées avancées de Saint-Georges, s’efforce de leur interdire le passage. Et il menace même de compromettre notre ravitaillement. Sans le dévouement du maître Lafouillade qui, vers onze heures du soir, voyant l’hésitation de son escouade, prend les devants et se faufile avec un seul de ses hommes à travers les mailles du barrage pour nous apporter une caisse de cartouches, les munitions auraient fini par manquer. À minuit cependant, le plus gros du péril semblait conjuré ; l’ennemi, solidement contenu, ne donnait plus signe de vie. Mais, « en raison, dit le rapport officiel, d’une part, de la situation très critique de la garnison de la ferme de l’Union prise sous les feux de W, de l’Yser, de Terslyle et sans communication d’aucune sorte avec nos tranchées ; en raison, d’autre part, des difficultés d’une reprise de W par nuit noire et, en cas de reprise, de l’impossibilité, vu l’heure tardive, de refaire une organisation sérieuse de W-Union, l’amiral décide d’évacuer la ferme de l’Union et de se replier sur les avancées de Saint-Georges, avec des petits postes à DD’ et Colza. »

Ce mouvement de décrochage, particulièrement malaisé en terrain plat, dans les grands cônes de clarté blanche que ne cessaient d’épancher sur nous les fusées ennemies, s’opéra sous la protection des mitrailleuses de l’enseigne Domenech et d’une demi-section de la 5e compagnie, commandée par maître Donval. Blessés, matériel, tout fut ramené. Et, à deux heures quinze du matin, le 13, les derniers défenseurs de la ferme W et de l’Union étaient rentrés dans nos lignes. La journée nous avait coûté 72 hommes : 19 tués, dont un officier (Goudot), 29 blessés, dont deux officiers (l’un grièvement : Michel ; l’autre légèrement : Fouqué), et 24 disparus. Nos pertes totales du 9 au 13 mai étaient de 57 tués, 204 blessés et 42 disparus.


viii. — la garde sur l’yser

Ce fâcheux lendemain de la triomphale journée du 9 mai n’eut pus de répercussion sur le moral de la brigade. Il suffisait à i’amour-propre des marins que l’ennemi n’eut pas pris