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déblai et sacs de sable BB’, flanquèrent cette ferme au Sud et reçurent une escouade. Enfin, devant la ferme W elle-même, on ouvrit une autre tranchée en forme d’arc de cercle, et le fortin de cette ferme fut aménagé pour abriter une section de mitrailleuses avec l’enseigne Rollin.

Assez propres peut-être sur un terrain naturellement organisé (prairies inondées, watergangs, ruines de maisons, etc.) à repousser une attaque par troupes d’infanterie, ces défenses étaient malheureusement insuffisantes contre l’artillerie ennemie qui pouvait les prendre à la fois de face par le front de l’Yser, de flanc par l’ouvrage X au Nord et par la ferme Terstyle au Sud. Il n’était même pas à espérer que notre artillerie put contrebattre, avec ses 75 et ses 120, les batteries rivales, d’un calibre et d’une portée très supérieurs. Mais on ne voyait pour le moment que les résultats de la journée qui étaient bien de nature à gonfler le cœur des hommes. Non seulement la brigade avait repoussé, en lui infligeant de grandes pertes, une forte attaque de l’ennemi, non seulement elle avait « apporté une aide efficace au secteur voisin [des zouaves] pour la reprise de ses tranchées perdues, » mais, dans la soirée du même jour, elle avait enlevé aux Allemands leurs deux principales positions avancées sur la rive gauche de l’Yser, la ferme W et la ferme de l’Union. L’amiral, dans son rapport, était autorisé à se féliciter de cette journée au cours de laquelle « le personnel de la brigade s’était montré tout à fait à la hauteur de la rude et lourde tâche qui lui avait été demandée et s’était brillamment et vaillamment comporté. »


vii. — le revers de la médaille

La brigade faisait bien de se réjouir quand il en était temps encore et nous allions voir très vite le revers de la médaille. Dès 5 heures du matin, aussitôt la brume dissipée, les Allemands avaient commencé à bombarder la ferme W et la ferme de l’Union, visant de préférence la première et son fortin qui tombaient d’ailleurs plus directement sous leur feu. Néanmoins, de l’aveu du second maître Laniel, ce bombardement tout d’abord ne gêna guère les hommes : « c’était du 57 m/m seulement. » Et le capitaine de Roucy écrira de son côté que, bien que le bombardement eût été très violent, « jusqu’à