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vaisseau des Ormeaux) sur la tranchée arrière du fortin, prêtes à contre-attaquer, si ce point délicat de notre ligne était venu à fléchir.

L’admirable résistance du lieutenant de vaisseau Deleuze hur en épargna la peine. Cette inexpugnabilité même du fortin, qui n’était plus qu’une coulée de gravats, mais d’où l’ennemi ne pouvait nous arracher, rendait relativement facile la défense du reste de notre ligne, tout au moins jusqu’à la route de Lombaertzyde, ou l’effort allemand devait à nouveau s’acharner. L’artillerie ennemie n’avait pas négligé pour cela les tranchées occupées par la 12e compagnie du 6e territorial et la 9e compagnie du 2e régiment de marins (li-eutenant de vaisseau de Rodellec du Porzic). Les torpilles y commencèrent à pleuvoir vers 1 h. 15. L’une d’elles ouvrit même une brèche dans le front des territoriaux, et ce fut l’occasion pour le sergent Drollet et ses hommes qui, sous le feu ennemi et tout en faisant face à l’attaque, se mirent à réparer tranquillement la brèche, de montrer à nos « demoiselles au pompon rouge » les réserves d’héroïsme qui dormaient au cœur de leurs « anciens. » Aussitôt l’attaque allemande déclenchée, le lieutenant de vaisseau de Rodellec avait fait ouvrir le feu. Le tir, « un peu échevelé » d’abord, se régularisa très vite : en quainze minutes la plaine était nettoyée.


Charles Le Goffic.
(À suivre)