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jusqu’au Noord-Vaart, à 300 mètres environ de la ligne W-Union et parallèlement à elle ; plus bas, dans une zone à demi noyée, les tranchées avancées de la 4e D. A. belge entourent la ferme Reickenhoek, à 400 mètres environ des fermes Violette et Terstyle, auxquelles l’ennemi a donné la même organisation puissante qu’à la ferme W et à la ferme de l’Union. Il y avait, à vrai dire, un assez large « hiatus » entre les deux troupes. Leurs cheminements devaient néanmoins se régler l’un sur l’autre et dans le plus grand silence, afin de ne pas éveiller l’attention de l’ennemi. Mais il se trouva que celui-ci, juste au même temps, combinait une attaque sur notre front Nord-Est, de la Geleide aux Roode-Poort, c’est-à-dire presque au point où venait expirer la ligne du secteur dans lequel nous comptions attaquer. Toute son attention sans doute était tendue de ce côté et, comme il travaillait d’arrache-pied lui aussi a y avancer ses lignes, il ne remarquait pas que nous en faisions autant de l’autre côté de l’Yser. Situation étrange que celle de ces deux adversaires préparant dans des secteurs contigus une offensive que, sans s’être donné le mot, ils devaient déclencher à la même date, mais avec des fortunes bien différentes !

L’investissement des positions allemandes ne pouvait mieux se faire que par la méthode de progression graduelle qui nous avait donné de si bons résultats à Saint-Georges. Elle comportait le creusement nocturne de boyaux sur chacune des quatre routes menant à la ferme W et à l’Union, « avec, de distance en distance, des tranchées perpendiculaires à la route ou en dehors, toutes les fois que l’assèchement le permettait, chacune de ces tranchées occupée en permanence et pourvue de défenses accessoires (chevaux de frise et barbelé). » Dans la nuit du 5 au 6 mai, des boyaux furent ainsi creusés sur une longueur de 15 mètres environ à partir de nos tranchées avancées : l’un sur la route de Bruges, l’autre sur la route de la ferme de l’Union et contre la route. Dans la nuit du 6 au 7, le gain fut encore plus grand : 25 mètres sur la route de Bruges, 27 sur la route de la ferme de l’Union. La relève des troupes, le soir du 7 au 8, compliquée par le travail de réorganisation des compagnies, qui n’étaient plus qu’à trois sections, gêna un peu le travail, et le gain, cette nuit-là, fut seulement de 4 mètres sur les deux routes. L’ennemi continuait à ne se douter de