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quillité, avec un sentiment nouveau de confiance dans l’énergie aussi bien que dans la loyauté du gouvernement.

A l’étranger, surtout en France et en Angleterre, l’opinion publique s’était montrée très sévère pour la dissolution de la Douma et n’avait accordé que peu de confiance aux débuts de M. Stolypine ; il était d’autant plus précieux de constater que la presse européenne commençait à rendre justice à l’œuvre de ce ministre. Pour la première fois depuis le début du mouvement révolutionnaire, l’opinion publique européenne semblait mieux impressionnée par la situation en Russie.

Je résolus de profiler de ces circonstances favorables pour faire un voyage à l’étranger : il était d’usage constant pour un ministre des Affaires étrangères nouvellement nommé, de profiter de la première occasion pour visiter la capitale du pays allié, afin de s’y mettre en contact personnel avec les hommes du gouvernement. J’obtins donc de l’Empereur l’autorisation de me rendre à Paris, où je devais être reçu par le Président de la République et m’entretenir avec les membres du Cabinet de M. Sarrien dans lequel M. Bourgeois était ministre des Affaires étrangères, M. Clemenceau ministre de l’Intérieur, et M. Briand ministre des Cultes. Pour éviter de passer par Berlin, j’avais décidé de commencer par me rendre, par une voie détournée, en Bavière, où ma famille, que je n’avais pas vue depuis cinq mois, se trouvait en villégiature sur les bords du lac de Tegernsee : de là, ma femme devait m’accompagner à Paris ; mais au retour, conformément à la tradition établie, je ne pouvais m’abstenir de toucher barre à Berlin, où je devais être reçu par l’empereur Guillaume et voir le chancelier prince de Bülow.


(A suivre.)