conseille-t-il. Là est le salut de notre patrie! » La France, toujours probe et laborieuse, travaillera; mais elle s’interroge : Avec quoi? Et elle ne veut pas travailler pour le roi de Prusse, par la faute du peuple de Prusse.
Ce n’est probablement pas le traité avec l’Autriche qui suppléera aux défaillances et comblera les lacunes du traité avec l’Allemagne. Convoqué au château de Saint-Germain, le « chancelier » Renner en a reçu les épreuves par les soins de M. Clemenceau. Si les conditions de paix avec l’Allemagne sont, comme nous l’avons dit, une toile très serrée avec de larges trous, les conditions de paix avec la « République autrichienne » ne sont guère que des trous avec un bord très étroit. Rien des frontières austro-italiennes; pas de clauses financières; pas de clauses militaires; rien qui concerne les « réparations. » Tous ces articles sont « réservés. » M. Karl Renner, attentif à être courtois et déférent pour faire contraste avec son collègue allemand M. le comte de Brockdorff-Rantzau, en soutenant la vieille réputation du Sud, s’est incliné, après un salut et une harangue. Puis, le lendemain ou le surlendemain, il est parti, non sans emporter le fascicule, qu’il étudierait en wagon. Hors de France, il s’est redressé. Quand il reviendra, espérons que les trous seront bouchés, et que les difficultés ajournées seront résolues. C’est une question de savoir si « le temps est galant homme; » s’il faut « donner du temps au temps; » si l’on doit « jouir du bénéfice du temps; » mais, de toute manière, il est certain que le temps a besoin d’être aidé, qu’il ne fait rien et n’arrange rien tout seul. En rejetant dans un tiroir ou dans une armoire les dossiers désagréables, on ne leur ôte pas leur malignité. On ne pourra pas les laisser éternellement dans les vitrines de la salle de l’Age de pierre, où ils ont pris la place du silex brut ou mal taillé.
Mais que de problèmes dont on ne tient la clef que d’une main hésitante ! Le problème de Fiume et de l’Adriatique paraît n’approcher d’une solution que pour reculer aussitôt. Quand les Yougoslaves consentent, les Italiens s’entêtent, et quand les Italiens se résignent, les Yougo-Slaves se butent. Voilà le danger de se lancer dans des « conciliations » dont chacun veut que le voisin et le rival fasse tous les frais! Il y avait un texte qui valait ce qu’il valait, et qui n’était pas excellent, car, donnant trop à l’un au gré de l’autre, pas assez ni à l’un ni à l’autre, à leur gré, il ne satisfaisait personne ; mais c’était un texte : il portait la signature d’une au moins des deux parties, et le plus sage, comme le plus commode, aurait été de