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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Le programme de la quinzaine écoulée entre la fin de mai et le début de juin, a été plus varié, sinon plus chargé, que celui des quinzaines précédentes. L’Autriche est entrée en scène, et la tragi-comédie allemande elle-même s’est corsée par l’apparition subite de la République rhénane. Dans la foule même qui, à l’extérieur, assiège le théâtre avec une curiosité un peu anxieuse, des frémissements, pour ne pas dire des frissons nouveaux, ont couru, une certaine agitation mêlée de quelque inquiétude. Si tout drame est un conflit de passions ou un débat de conscience, celui que représente à Versailles, sous le titre : Signeront-ils? la troupe de M. le comte de Brockdorff-Rantzau en est à sa péripétie, et peut-être en sera-t-il à son dénouement quand cette chronique paraîtra. Tout s’est d’abord développé conformément, au scénario. Comme le délai primitivement fixé, qui devait expirer le jeudi 22 mai, touchait à sa fin, le président de la délégation allemande a demandé un supplément de réflexion, et, en conséquence, huit jours de plus, jusqu’au jeudi 29, lui ont été accordés. C’était, dans l’esprit de M. de Brockdorff, autant de gagné, puisque, témoin de l’embarras des Puissances alliées et associées, acteur ou comparse dans les grandes et petites intrigues qui travaillent à le compliquer, le premier plénipotentiaire allemand en est réduit à faire ou à servir une politique « catastrophique. » Toujours pour gagner du temps, accroître les embarras, élargir les trous de la toile et y passer le poing afin de la déchirer, il a versé sur les Quatre une pluie de papier, par-dessus le déluge de notes dont il avait déjà couvert la table de la Conférence.

Il fallait s’y attendre : tout a été repris point par point, ab ovo, et, bien entendu, contesté. L’Allemagne prétend nous enseigner quelles doivent être, d’après les principes du Président Wilson et selon notre propre aveu, « les bases juridiques de la paix. » Et, naturellement,