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T. P. S. et l’un des plus tragiques et plus récents épisodes où elle ait rendu des services est l’affaire du Piémont où des cuirassiers encerclés réussirent par ce moyen à envoyer leurs dramatiques messages jusqu’à la dernière extrémité.

La T.S.F. n’a pas servi seulement à la liaison, c’est par son moyen, et toujours avec le concours de l’audion que, dans les deux camps, ou a capté couramment les communications téléphoniques de l’adversaire, ce qui a obligé finalement dans la plupart des secteurs à ne plus téléphoner qu’en langage convenu, cryptophoniquement, si j’ose dire, les courants très variables qui parcouraient les fils téléphoniques de l’avant fournissaient en effet dans le sol des courants induits qui pouvaient être recueillis par les fils de la T. P. S. insidieusement placés dans la tranchée adverse.

Telles sont quelques-unes des applications les plus curieuses que la T.S.F. et les branches qui l’avoisinent dans l’électricité ont eues dans la guerre. N’est-elle pas étrange et suggestive, cette utilisation belliqueuse de ces ondes invisibles et muettes qui ceignent la terre de leur houle silencieuse, et qu’on nous avait présentées, naguère, lorsque nous écoutions les douces ânonneries des utopistes, comme ne pouvant et ne devant jamais servir qu’à des fins pacifiques ? La vérité, c’est qu’il n’est aucune des conquêtes de la science… et peut-être aussi des autres domaines où bouillonne l’esprit humain, qui ne puisse ainsi que le sabre de M. Prudhomme servir à des fins déterminées ou au besoin les combattre. Il n’y a pas de bons ou de mauvais outils ; il n’y a que de bons ou de mauvais travaux, et surtout de bons ou de mauvais artisans.


CHARLES NORDMANN.