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le Conseil national d’Alsace et de Lorraine, qui s’est adjoint quelques anciens députés du Reichstag, reconnaît tout d’abord qu’il n’a plus le pouvoir législatif et que la pensée de le réclamer à nouveau lui est complètement étrangère.

« Le Conseil national déclare ensuite qu’il ne revendique pas pour l’Alsace et la Lorraine les privilèges d’un État autonome en dehors de l’unité française.

« Cela étant posé, le Conseil National ne croit pas outrepasser les droits des élus du suffrage universel en se regardant encore comme représentant la démocratie alsacienne et lorraine ; il estime, que son concours serait utile à l’idée française et au gouvernement de la République, et espère par-là maintenir l’élan initial du pays vers la Patrie.

« Le Conseil National manquerait dès lors à son devoir, s’il n’attirait pas l’attention de M. le Président du Conseil sur les points suivants.

« L’Alsace et la Lorraine ont eu jusqu’ici, à Strasbourg, dans le ministère d’Alsace-Lorraine, une administration centrale pour toutes les questions fiscales, scolaires, judiciaires, cultuelles, etc. qui n’étaient pas du ressort de l’Empire. Même certaines administrations impériales, comme les chemins de fer, les assurances ouvrières, avaient à Strasbourg des directions revêtues de pouvoirs assez étendus.

« Le Conseil National ne voit pas sans une certaine inquiétude le passage trop rapide de ce régime au régime strictement départemental, qui ferait dépendre trop directement les commissaires départementaux des services établis à Paris.

« Le Conseil National se permet donc d’émettre le vœu :

1°) Que le Haut-Commissariat soit revêtu de pouvoirs qui lui permettront de régler, à Strasbourg même, les questions interdépartementales si nombreuses et si urgentes dans notre pays.

Il en résulterait une unité de vues et de directions à laquelle le Conseil National attache une grande importance dans cette période de transition, et sans laquelle une désorganisation de tous les services ne tarderait pas à se produire.

Le Haut-Commissaire serait aussi l’instance à laquelle la population et les organismes sociaux interdépartementaux pourraient, le cas échéant, adresser leurs réclamations, leurs projets de réformes, etc.