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politesse qui sont d’usage entre les nations et les cours souveraines. Je suis d’avis qu’il faut les pratiquer largement jusqu’à la veille du jour où l’on cesse d’être d’accord. Mais il faut faire une distinction entre les devoirs de famille aussi bien que les relations amicales qui existent entre les souverains et le maintien des relations que l’intérêt politique a créées ; la France peut être certaine que la situation actuelle est ce qu’elle était avant la mort d’Alexandre III et le restera. »

Il n’y a pas lieu d’excursionner plus loin dans les débuts du nouveau règne et il nous suffira de rappeler pour finir que si le jeune empereur entendait ne rien changer dans la politique extérieure de l’empire, il opéra, à peine sur le trône, une réforme radicale dans la politique intérieure en supprimant le régime policier qui pesait sur ses sujets et qu’avaient rendu nécessaire les attentats nihilistes au temps d’Alexandre II. Cette réforme, émanée de l’initiative personnelle de Nicolas, suscitait de toutes parts d’immenses espoirs et inspirait une confiance que malheureusement, à quelques années de là, ses propres fautes, en présence d’événements imprévus, devaient cruellement démentir.


ERNEST DAUDET.