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II. — PAROLES RASSURANTES DE L’ALLEMAGNE

Telle était la sérénité de l’atmosphère publique en Belgique lorsque soudain éclata, le 23 juillet 1914, l’ultimatum signifié par l’Autriche à la Serbie. L’ultimatum avait pour corollaire fatal l’entrée en scène de la Russie. Et dès lors, en vertu même de leurs alliances, l’Allemagne et la France devaient à leur tour descendre sur le terrain, et la guerre devenait européenne.

Le devoir de la Belgique était tout tracé. Conformément à ses obligations internationales, elle avait à observer entre les belligérants une neutralité absolue, leur fermer ses frontières à tous et, si celles-ci étaient violées, les défendre à main armée. Elle avait, dans ce cas, le droit d’espérer que les Puissances garantes de son indépendance viendraient à son secours.

Le gouvernement belge n’attendit pas l’ouverture des hostilités pour prendre les précautions requises par les circonstances. En même temps qu’il se préparait à la mobilisation générale pour parer à toutes les éventualités, il chargeait ses représentants auprès des Puissances garantes de ne leur laisser aucun doute sur le caractère de ces mesures : « Elles n’ont d’autre but, leur écrivait-il, que de mettre la Belgique en situation de remplir ses obligations internationales ; elles ne sont et n’ont pu être inspirées, cela va de soi, ni par le dessein de prendre part à une lutte armée des Puissances, ni par un sentiment de défiance envers aucune d’elles. »

Après la déclaration de guerre de l’Autriche à la Serbie (28 juillet), il fallut faire un pas de plus : la mobilisation fut décrétée le 31 juillet. Et bien qu’à cette date personne en Belgique ne s’attendit au guet-apens prussien, le gouvernement, par un arrêté royal publié dans le Moniteur du 2 août, ne négligea pas de rappeler quelles graves pénalités un citoyen belge encourrait si, par ses actes, il exposait l’Etat à des hostilités de la part d’une Puissance étrangère. En même temps, le ministre de l’Intérieur, M. Paul Berryer, lançait aux gouverneurs des provinces une circulaire interdisant tout rassemblement qui pourrait avoir pour objet de manifester des antipathies à l’égard de l’un ou de l’autre pays. C’était l’accomplissement pur et simple de notre devoir de neutre.

La situation de la Belgique ne paraissait pas alarmante.