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LES DERNIḔRES ANNÉES D'ALEXANDRE iii
1890-1894

NOTES ET SOUVENIRS


I

Au début de 1890[1], les relations de Berlin avec Saint-Pétersbourg conservaient leur caractère de cordialité ; mais celles de la République française avec le gouvernement russe étaient devenues plus confiantes, grâce aux efforts persévérants de Laboulaye. La France est nécessaire à l’équilibre européen, lui disait Giers ; mon souverain en est si convaincu qu’il s’est toujours inspiré de cette nécessité dans ses rapports avec l’Allemagne. Il en sera dans l’avenir comme dans le passé. » C’était le triomphe de la politique de paix fondée sur le rapprochement de la France avec la Russie.

Le Cabinet de Paris était animé de la même conviction que le gouvernement impérial. Il venait encore une fois de se transformer. Le 17 mars, M. de Freycinet, tout en conservant le portefeuille de la Guerre qu’il détenait dans le ministère précédent, avait repris la présidence du Conseil et appelé M. Ribot au quai d’Orsay, où, dans les cinq dernières années, huit titulaires s’étaient succédés, sans pouvoir s’y maintenir au-delà de quelques mois. Désormais l’Alliance franco-russe aura dans le gouvernement français des partisans résolus, avec, à leur tête, le président Carnot. Au mois de mai, l’Empereur ayant exprimé à Laboulaye l’espoir de voir la confiance rester la base

  1. Voyez la Revue du 15 novembre 1918 et du 15 mai 1919.