Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 51.djvu/466

Cette page a été validée par deux contributeurs.

monde moderne, en arrivera à exiger elle-même que les gouvernements fassent quelque chose. — On reconnaît bien dans cette partie du programme du professeur Strong la mentalité américaine si judicieuse et si originale que nous avons vue déjà, — au cours d’une de nos récentes chroniques, — lutter victorieusement contre la tuberculose avec, comme arme principale, la publicité.

Enfin, le rôle du bureau international projeté devra être de faire connaître aux organisations sanitaires privées qui existent déjà, et dont les plus importantes sont les sociétés de Croix-Rouge, les méthodes efficaces dans chaque cas, contre tous les fléaux et maladies, de manière à orienter utilement ces organismes vers les tâches nouvelles que leur offre la paix. Au surplus, deux bureaux d’une importance particulière seront rattachés au bureau international : l’un destiné à l’étude et à la diffusion de l’hygiène industrielle ; l’autre aux questions de puériculture. On oublie trop en effet, et j’ajouterai surtout en France, que la mortalité infantile est un fléau aussi grand, mais encore plus facilement évitable que la tuberculose.

Tel est le programme à la discussion duquel la Conférence a consacré la plus grande partie de ses séances ultérieures.

Le docteur Biggs, chef du département de santé publique de l’État de New-York et qui est peut-être l’hygiéniste le plus justement renommé des États-Unis, a insisté d’abord sur ce fait que, en matière de santé générale, il vaut infiniment mieux et il coûte infiniment moins de prévenir que de guérir. Si 10 pour 100 de l’argent dépensé par les gouvernements et les Croix-Rouges pour l’assistance pouvait être appliqué à la prévention des maladies et à l’éducation hygiénique du public, cela donnerait un résultat bien plus efficace pour une dépense bien moindre. Malheureusement, presque partout, on ne se préoccupe des maladies qu’après leur venue et nullement en vue de les prévenir. Comme le disait à ce propos sir Arthur Nadsholme, il sera toujours plus avantageux de mettre un garde-fou au bord d’un précipice que des voitures d’ambulance au bas de celui-ci. On a ensuite quelquefois discuté la question de savoir si les laboratoires annexés au Bureau d’hygiène mondiale devront être partiellement consacrés, en dehors de la formation d’hygiénistes exercés, à des recherches purement scientifiques. Sir Arthur Nadsholme a émis l’opinion qu’il faut diviser les maladies humaines en deux catégories. En premier lieu, il y a celles qui sont mal connues comme la poliomyélite et l’influenza. L’éminent savant anglais pense que l’épidémie récente de cette dernière, qui a peut-être été intensifiée par les